Déploiement de la fibre : la filière appelle le gouvernement à l'aide

Par Pierre Manière  |   |  538  mots
Pour les opérateurs et industriels, il est indispensable que le gouvernement publie dès que possible son guide Covid-19 pour le BTP, qui permettra aux ouvriers impliqués dans déploiement de la fibre de travailler en sécurité. (Crédits : Alessandro Bianchi)
Avec la crise du coronavirus, le chantier visant à déployer la fibre dans tout l’Hexagone a très fortement ralenti. Cette situation inquiète opérateurs et industriels. Tous demandent à l’exécutif de les aider à maintenir un minimum d’activité pour préserver la filière.

La filière des télécoms est inquiète. Le Plan France Très haut débit (PTHD), qui vise à offrir à tous les Français une connexion Internet fixe ultra-rapide, essentiellement via la fibre, à l'horizon 2022, est menacé par l'épidémie de coronavirus. Depuis les mesures de confinement, cet énorme chantier, dont le coût avoisine les 30 milliards d'euros, a fortement ralenti. D'après Etienne Dugas, le président d'InfraNum, qui fédère les industriels impliquées dans le PTHD, les conséquences pourraient être désastreuses pour la filière. « Si on ne fait rien, tout pourrait s'arrêter d'ici deux semaines, alerte-t-il. En bout de chaîne, énormément de TPE et de PME pourraient tomber. » Outre la casse économique et sociale, Etienne Dugas estime qu'il faudra, dans ce scénario noir, des mois pour restructurer la filière, et relancer la machine une fois l'épidémie passée.

Pour éviter cela, Etienne Dugas, juge indispensable de maintenir l'activité du déploiement de la fibre au niveau actuel, qui avoisine aujourd'hui, selon lui, les 30%. Ce mercredi après-midi, lors d'une réunion entre les représentants des télécoms et les ministres Jacqueline Gourault et Julien Denormandie, en charge de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, il a demandé le soutien de l'exécutif.

Des masques FFP1 jugés suffisants

Aux yeux d'InfraNum comme de la Fédération française des télécoms (FFT), le lobby des opérateurs, il est indispensable que le gouvernement publie dès que possible son guide Covid-19 pour le BTP. Celui-ci fournira un cadre permettant aux ouvriers impliqués dans déploiement de la fibre de travailler en sécurité. Surtout, InfraNum et la FFT ont indiqué à l'exécutif que les masques de protection FFP1 sont, d'après eux, suffisants. Pour la filière de la fibre, il n'est pas nécessaire de recourir aux fameux FFP2, notamment utilisés par le personnel soignant dans les hôpitaux, et qui font l'objet d'une pénurie.

Un autre sujet préoccupe les industriels : beaucoup de sous-traitants ne peuvent plus travailler faute de décrocher le feu vert des collectivités. D'autres peinent à accéder aux immeubles pour les raccorder à la fibre. Infranum souhaite que le gouvernement prenne des mesures pour lever ces freins.

Soutien financier

Enfin, Etienne Dugas appelle l'exécutif à aider financièrement la filière de la fibre pour maintenir à flot les sous-traitants les plus fragiles. D'après lui, les grands opérateurs, qui souffrent moins et continuent de bénéficier des revenus des abonnements Internet fixe et mobile, doivent aussi « faire un effort pour permettre à la filière de survivre à ce tsunami ». Interrogé à ce sujet, Michel Combot, le DG de la FFT, souligne pour sa part que « la crise a un impact sur le chiffre d'affaires des opérateurs ». Selon lui, les Orange, SFR et Bouygues Telecom réfléchissent aux moyens d'épauler leurs propres chaînes de sous-traitants. « Des discussions sont en cours, affirme-t-il. Les opérateurs pourraient prendre différents types de mesure, des efforts sur les délais de paiement par exemple. Nous sommes bien conscients de notre responsabilité globale. »