Fonction publique : pourquoi les arrêts maladie d'un jour ont chuté de 40% ?

Par latribune.fr  |   |  561  mots
L'étude de Sofaxis a évalué le coût moyen des absences pour raisons de santé: il est en moyenne de 1.800 euros pour un agent territorial et de 3.000 euros pour un agent hospitalier.
En 2012, le nombre d'arrêts maladie des fonctionnaires a baissé pour la première fois depuis six ans, selon une étude Sofaxis. La raison? La journée de carence appliquée en 2011, que le gouvernement Ayrault a depuis abrogée. En revanche, la durée des arrêts maladie s'allonge.

Du jamais vu depuis six ans. Les arrêts maladie (ordinaires) d'une journée ont reculé en un an dans la fonction publique, d'après une étude de la société d'assurance Sofaxis. Précisément, ils ont baissé de plus de 43% dans la fonction publique Territoriale (FPT) et de 40% dans l'Hospitalière (FPH).

Or les arrêts de deux et trois jours ont baissé eux aussi: respectivement de 18% et 12% dans la fonction territoriale et de 31,8% et 16,3% pour la fonction publique hospitalière. Sachant que les arrêts d'un à trois jours représentent près du tiers des arrêts dans la FPT, et près du quart dans la FPH.

Pour Pierre Souchon, du groupe Sofaxis, la cause est à chercher du côté du jour de carence:

"La mise en application d'un jour de carence en maladie ordinaire explique probablement ce phénomène".

Un dispositif "injuste, inutile, inefficace et humiliant" pour les agents

Pour rappel, ce jour de carence, non indemnisé en cas d'arrêt maladie avait été mis en place pour la première fois chez les fonctionnaires par le gouvernement Fillon fin 2011. Dans le secteur privé, le délai est de trois jours avant que n'intervienne la prise en charge par l'assurance maladie, mais beaucoup d'entreprises compensent le manque à gagner. Ce qui n'est pas le cas dans le public.

Mais voilà. Le gouvernement Ayrault a depuis décidé d'abroger ce dispositif, le jugeant "injuste, inutile, inefficace et humiliant" pour les agents et ayant un impact budgétaire "très limité". Sa suppression est ainsi prévue en 2014 dans le projet de loi de finance (PLF).

Invitée à réagir à cette étude, la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu, n'a d'ailleurs pas manqué de relever qu'elle avait été faite par des assureurs:

"Qui avait le plus intérêt à ce qu'on ne supprimât point le jour de carence ou à ce qu'on l'augmente?" (...) '"un certain nombre de négociations avaient commencé avec les employeurs publics pour mettre en place un système de prévoyance".

Assurant faire "confiance aux fonctionnaires", elle a également noté que "le nombre d'arrêts maladie plus longs a augmenté", notant que "ce n'est pas forcément moins d'arrêts de travail, mais peut être plus d'arrêts plus longs".

La durée des arrêts de travail augmente

De fait, si entre 2011 et 2012 les agents territoriaux et hospitaliers ont été moins nombreux à s'arrêter et moins souvent, en revanche les durées des arrêts, elles, s'allongent, selon Sofaxis. Ainsi depuis 2007, la durée des arrêts de travail a augmenté de 16% dans la fonction publique territoriale, et de 10% dans la fonction publique hospitalière.

Combien coûtent ces absences pour raisons de santé? Selon l'étude de Sofaxis, le coût moyen tourne en moyenne autour de 1.800 euros pour un agent territorial et de 3.000 euros pour un agent hospitalier.

Enfin, toujours selon l'étude, les absences seraient plus fréquentes dans les collectivités de plus de 150 agents que dans celles de moins de 10 agents. A l'inverse, ce sont dans les établissements hospitaliers les plus petits (moins de 100 agents) que l'on recense le plus d'arrêts.

L'étude complète de Sofaxis