Les placements des Français au plus bas depuis l'année 2000

Par Ivan Best  |   |  583  mots
Les assureurs tirent plutôt bien leur épingle du jeu, alors que les placements diminuent, selon Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d'assurance:
Les flux d'épargne financière sont au plus bas depuis 13 ans, selon les calculs de la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA).

 Les Français, de véritables fourmis ? Les données mise en avant par les macro-économistes le donnent à penser. Les Français épargneront encore de plus de 15% de leur revenu au premier semestre 2014, selon les prévisions de l'Insee. Soit un niveau bien supérieur à la moyenne européenne de l'ordre de 12%. Mais ce taux macro-économique ne reflète pas la réalité des placements des particuliers.

80 milliards d'euros placés en 2013, au plus bas depuis 2000

Selon les calculs de la Banque de France et les estimations de Fédération française des sociétés s'assurance (FFSA) pour 2013  voilà trois ans que les ménages réduisent chaque année la part de leur revenu qu'ils conservent sous forme de liquidités -tout simplement sur leur compte en banque- ou qu'ils placent, sous forme d'épargne contractuelle (livrets A, LDD…), d'achat de titres, ou d'investissement en assurance vie. En 2010, les ménages avaient placé 116 milliards d'euros. En 2013, ce montant est tombé à 80 milliards. La chute est sévère. Les particuliers n'avaient placé aussi peu d'argent depuis l'année 2000, une année de surconsommation.

Une forte baisse du pouvoir d'achat

Comment l'expliquer ? Tout simplement, en premier lieu, par la baisse du pouvoir d'achat. En 2012, le pouvoir d'achat a reculé de 1,5%, selon les calculs de l'Insee (par unité de consommation), soit une chute d'un niveau inconnu depuis 1984. En 2013, il aurait encore reculé de 0,1%. Moins de revenus, c'est évidemment moins de possibilités de placement.

 Un impact négatif du marché immobilier

 En outre, paradoxalement, la faiblesse du crédit contribue à expliquer le phénomène. Retraitée des rachats de crédits, la production de crédits immobiliers stagne. Cela a deux effets. Le taux d'épargne, d'un point de vue macro-économique, s'en trouve dopé. Cela tient à son calcul. Le montant de l'épargne se calcule ainsi : au flux de placements financiers, on ajoute les investissements dans les logements neufs, et l'on retranche les nouveaux crédits contractés par les ménages (il s'agit de désépargne). Moins il y a de crédit, moins il y a donc à retrancher à l'épargne ainsi calculée. Le taux d'épargne (épargne/revenu disponible) s'en trouve donc gonflé. Voilà pourquoi il est resté à un niveau élevé, supérieur à 15%, en 2013.

 Le crédit alimente les placements

D'un autre côté, le crédit alimente les placements. Par quel biais ? Quand le marché de l'immobilier est très actif, avec des prix en hausse, de nombreux vendeurs se trouvent à la tête d'un montant de liquidités important. Certes, dans beaucoup de cas, ils rachètent un autre bien rapidement, et n'ont rien à placer. Mais d'autres configurations sont possibles. Il peut s'agir d'immeubles de rapport, ou de nombreux particuliers quittant, par exemple, la région parisienne à l'âge de la retraite. En province ils paieront beaucoup moins cher, ou disposent déjà

Dans ce cas, le fruit de la vente est placé. Il y a donc corrélation entre la bonne tenue de l'immobilier et le montant des placements. Or, ce marché est aujourd'hui totalement atone.

 La moitié des 80 milliards d'euros de placements vers l'assurance vie

Les 80 milliards placés par les ménages en 2013 sont allés pour moitié vers l'assurance vie, estime la FFSA. Près d'un quart des sommes non dépensées par sont restées simplement sous la forme de liquidités (comptes courants). Le total épargne contractuelle plus achats de titres représenterait un autre quart.