Les Suisses s'inquiètent pour leur immobilier

Par Mathias Thépot  |   |  425  mots
Les prix réels de l’immobilier en Suisse sont actuellement inférieurs de 5% à ceux qui précédaient l'éclatement de la dernière bulle immobilière
La vice-président de la Banque nationale suisse craint une correction des prix de l'immobilier qui appauvrirait les propriétaires helvètes.

La perspective d'une bulle immobilière hante les esprits des élites suisses. Dernier exemple en date, les déclarations du vice-président de la Banque nationale suisse (BNS), Jean-Pierre Danthine à l'hebdomadaire alémanique "Sonntagsblick" paru ce week-end.
Il s'y est publiquement inquiété du fait que le marché immobilier suisse "se situe en zone dangereuse". "Le risque d'une correction est grand", a-t-il ajouté.  Il y a selon lui "des déséquilibres qui s'accroissent sur le marché des hypothèques et de l'immobilier", et qui peuvent déclencher une crise en cas de choc externe.

Ne pas revivre la crise des années 1990

Ces propos montrent à quel point les Suisses craignent de revivre la situation du début des années 1990 où l'éclatement de la bulle immobilière avait coûté cher : le rattrapage des prix avait entrainé des pertes de 50 milliards de francs suisses à l'économie nationale, soit environ 10% de PIB.

Le parallèle avec la situation actuelle fait sens. Corrigés de l'inflation, "les prix réels de l'immobilier sont actuellement inférieurs de 5% environ à leur niveau de 1989, avant l'éclatement de la dernière bulle immobilière en Suisse. Ils continuent de croître plus vite que les revenus des ménages, les loyers et les prix à la consommation. L'endettement hypothécaire des ménages privés suisses représente actuellement près de 110% du produit intérieur brut. Tous les facteurs de risque sont donc réunis pour un effondrement des prix", indique une étude alarmiste sur l'immobilier suisse récemment publiée par UBS Real Estate.

Garantir la stabilité des prix

De surcroît, les banques se trouvent désormais "dans une situation difficile: les taux d'intérêt sont bas ( le taux du libor sur 3 mois -qui fait office de taux directeur- s'établit dans la fourchette 0%-0,25% ndlr), les marges également. Grande est la tentation de maximiser les volumes", note le vice-président de la BNS.
Mais si elle souhaitait réellement limiter ce phénomène -qui entraine la déconnexion des prix de l'immobilier des revenus des ménages- la BNS pourrait relever ses taux... ce qui n'est pas d'actualité.
Jean-Pierre Danthine estime que la mission première de son institution est bien de garantir la stabilité des prix. Et, dans ce but, le moyen approprié reste le taux plancher de 1,20 franc pour un euro, qui a été fixé en septembre 2011. Si la Banque nationale augmentait ses taux, le cours plancher et, en conséquence, la stabilité des prix seraient menacés, assure Jean-Pierre Danthine.