Pourquoi les logements chauffés à l’électricité subissent-ils une décote ?

Par Mathias Thépot  |   |  470  mots
Le diagnostic de performance énergétique a tendance à se dégrader pour des maisons chauffées à l’électricité
Une maison chauffée à l’électricité se vendrait moins cher que si elle était chauffée au gaz. Une anomalie à l'heure où la valorisation des logements à haute qualité énergétique est avancée comme priorité.

Injuste ? Une maison chauffée à l'électricité se vendrait moins chère que si elle l'était au gaz, explique une étude menée par l'association Dinamic, créée par le Conseil National du Notariat

Un propriétaire qui souhaite vendre à l'avenir n'est donc pas incité à entreprendre des travaux pour améliorer la performance énergétique de son logement... bien au contraire. Un constat étonnant à l'heure où la valorisation des logements à haute qualité énergétique est érigée en priorité.  

Le calcul du diagnostic de performance énergétique mis en cause

Pour expliquer cette anomalie, l'association équilibre des Energies (EdEn) pointe du doigt le mode de calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE), qui fait partie des déterminants du prix du logement. Le DPE d'un logement est déterminé sur une grille d'évaluation en 7 classes, de A, la meilleure note possible, à G, la plus basse.

Or celui-ci a tendance à se dégrader pour des maisons chauffées à l'électricité, ce qui fait baisser la valeur du logement. "Pour deux biens immobiliers identiques, le DPE, qui raisonne en énergie primaire, déclasse mécaniquement d'une catégorie un logement chauffé à l'électricité par rapport à un logement chauffé au gaz", indique Jean Bergougnoux, président de l'association EdEn.

Il faudrait qu'une maison chauffée à l'électricité consomme 2,58 fois moins

Concrètement pour déterminer le DPE, il est appliqué un coefficient d'énergie primaire, qui diffère en fonction des énergies. Celui-ci est supérieur pour l'électricité qui n'est pas une énergie primaire, contrairement au gaz. En effet, pour obtenir 1 joule d'électricité, on utilise en moyenne 2,58 joules d'énergie primaire.

Certes, "une maison chauffée à l'électricité est mieux isolée et consomme moins", mais pour qu'elle ait un DPE similaire à une même maison chauffée au gaz, il faudrait donc qu'elle consomme 2,58 fois moins. "Ce qui n'est la plupart du temps pas le cas", constate Jean Bergougnoux. 

Cibler les préoccupations des occupants du logement

Selon lui, "une réflexion en énergie primaire n'a aucun sens pour le consommateur. Nous réclamons une révision du DPE pour que ce dernier soit redéfinit en fonction de factures normatives exprimées en euros, ce qui correspond aux réelles préoccupations des occupants d'un logement".

De surcroît, étant donné que "les étiquettes énergétiques du DPE impactent la valeur d'un bien immobilier, il est totalement incohérent de pénaliser, dans le cadre d'une réglementation sensée accompagner la transition énergétique, les solutions les plus économes, que l'on parle d'euros ou d'émission de CO2", ajoute Jean Bergougnoux.

L'association Dinamic constate en effet que, dans le cas de maisons individuelles, les factures d'un chauffage au gaz sont en "moyenne supérieures de 11% par rapport à l'électricité et celles du fioul supérieures de 36%".