Agent immobilier : la crise et le net métamorphosent la profession

Par Mathias Thépot  |   |  586  mots
10% des agences immobilières ont mis la clé sous la porte en 2013.
Le marché tendu et la révolution internet imposent aux agents immobiliers de repenser leur modes de commercialisation. A la fin, c’est la loi du plus fort qui primera.

La crise actuelle qui affecte les agents immobiliers est-elle un simple contrecoup ou bien une tendance structurelle ? La question mérite d'être posée. Oubliées les années 2010 et 2011 euphoriques où les transactions dans l'ancien se sont envolées jusqu'à plus de 830.000 unités sur douze mois glissants, les agents immobiliers font aujourd'hui grise mine. Le marché de l'ancien a en effet perdu plus de 150.000 transactions annuelles en 2 ans. Cette baisse de l'activité a entraîné la fermeture de 3.000 agences en 2012, ainsi qu'en 2013, selon la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim). Concrètement, la profession perdrait 10% de ses agences chaque année.

Pas de place pour l'attentisme

La faute à une conjoncture économique morose, qui alimente les incertitudes et ne donne pas de perspective aux ménages qui souhaiteraient se lancer dans de nouveaux projets. Dans ce contexte, il n'y a pas de place pour l'attentisme chez les agents immobiliers. Les agences qui se sont trop reposées sur leurs lauriers lors de la récente période faste sont désormais en grande difficulté. "Sur un marché euphorique, certains profils d'agents moins réactifs pouvaient subsister, mais sur un marché plus tendu comme aujourd'hui, ce n'est plus le cas", constate Olivier Alonso président du réseau d'agence Solvimo.

Désormais, c'est la loi du plus fort qui prime. "Nous allons vers une épuration du métier d'agent immobilier. Le marché est en pleine mutation", remarque Mickaël Fridman président d'Immoinverse, une plateforme qui met en relation les personnes à la recherche d'un logement avec les professionnels de l'immobilier et les particuliers cherchant à vendre ou à louer leurs biens.

A terme, il ne restera que deux types d'agents immobiliers

"A terme, il ne va rester que deux types d'agences : celles qui ont un portefeuille de gestion (administrateurs de biens) ou de syndics qui leur permettent d'avoir des bas de laine récurrents et de ne pas trop subir la pression des transactions ; Et celles qui ont pignon sur rue à un emplacement idéal", juge pour sa part Christophe Celdran, le PDG de Maxihome, un groupe de 250 agents mandataires indépendants.

Vient s'ajouter à cela le développement du numérique qui a complètement révolutionné les comportements de consommation. "Le particulier passe désormais dans 90% des cas par une prise de contact sur internet. Alors que c'était l'inverse il y a 10 ans", observe Olivier Alonso. Les agents immobiliers doivent donc se mettre à niveau sur l'outil internet pour ne pas paraître obsolète.

Être le plus réactif possible sur internet

Malheureusement pour eux, "il y a des agents immobiliers qui se limitent à poster des annonces sur seloger.com pour trouver des clients. Or, il faut désormais avoir une démarche proactive et replacer l'acquéreur au centre du système", assure Mickaël Fridman. Ce sont ces agences immobilières "qui se sont préparées aux changements fondamentaux des comportements de consommation" qui s'en sortiront ajoute Olivier Alonso.

Les professionnels se doivent désormais d'être ultra réactif, tout en assurant "un suivi régulier des clients, notamment par mail. Il faut également être très présent sur les réseaux sociaux", conseille Christophe Celdran.
Mais le plus important reste la visibilité. Et pour ce faire "être bien positionné sur Google est hyper primordial pour les agents immobiliers", juge pour sa part Olivier Alonso.

Ce n'est que par ces biais que le rôle d'intermédiaire d'agent immobilier, qui permet de fluidifier le marché des transactions, pourra subsister.