Comment Paris compte lutter contre la location de meublés touristiques

Par Mathias Thépot  |   |  483  mots
Le Conseil de Paris a décidé d'encadrer davantage les locations touristiques.
Le propriétaire qui possède plusieurs biens immobiliers à Paris devra rendre davantage de comptes à la municipalité s’il veut louer ces biens à des touristes.

Les logements manquent cruellement à Paris. Près de 100.000 Parisiens sont dans l'attente d'un logement social, et le déséquilibre entre l'offre et la demande de logements dans le secteur privé est tel que les prix, à l'achat comme à la location, y sont plus de deux fois supérieurs aux plus grandes villes de province.

Cette situation imposerait presque un devoir moral à la collectivité de mobiliser toutes les surfaces possibles pour loger ses habitants. Dans cet esprit, le dernier Conseil de Paris vient de durcir la réglementation des locations meublées touristiques pour les « multipropriétaires » qui achètent des logements pour les louer à des touristes sur des courtes durées. Une pratique plus rentable que la location longue durée et qui s'apparente parfois à de la spéculation.

Limiter le développement des meublés touristiques

"Notre objectif est de limiter le développement exponentiel des meublés touristiques dans les arrondissements du centre de Paris qui sont les plus visités", explique Ian Brossat, adjoint au maire chargé du Logement à Paris. En un peu plus de 5 ans, le nombre de locations meublées touristiques serait en effet passé de 20.000 à 30.000, explique Ian Brossat.

Pour tempérer cet engouement qui, de fait, réduit l'offre de résidences principales à Paris, la collectivité a décidé de modifier le règlement municipal : désormais, un propriétaire qui souhaite louer un logement inoccupé à des touristes devra, en contrepartie, mettre un autre logement sur le marché de la même dimension dans le même arrondissement si celui-ci est social, et deux fois plus grand, toujours dans le même arrondissement, si celui-ci est privé.

S'il ne possède pas d'autres logements dans le même arrondissement, le propriétaire devra acquérir des titres de compensation "cédés à titre onéreux ou gratuit par un autre opérateur [qui transforme] en logements des surfaces qui étaient affectées à un autre usage que l'habitation", explique la mairie de Paris sur son site.

Lutter contre la spéculation

Pour traquer les abus, la mairie s'appuiera sur des plaintes de voisins, parfois gênés par la nuisance sonore de ces occupants éphémères. Il faut dire que "les touristes qui viennent à Paris n'ont pas les mêmes horaires que les gens qui y résident à l'année", explique Ian Brossat.

Les inspecteurs de la municipalité scrutent aussi les sites Internet de locations touristiques, dont le plus connu est Airbnb. Il y a en effet de fortes chances qu'un appartement en location sur ce type de site plusieurs mois durant ne soit pas occupé par son propriétaire.

Ces veilles ont permis de débusquer plusieurs situations illégales : l'année passée, 15 condamnations de propriétaires pour un total de 46 logements ont été prononcées par la justice. Et les propriétaires de ces logements ont été sommés de payer jusqu'à 25.000 euros d'amende.