Immobilier neuf : une éclaircie à espérer ?

Par Mathias Thépot  |   |  552  mots
A quand une reprise des mises en chantier de logements neufs ?
Les mises en chantier de logements neufs sont toujours en berne, mais le moral des promoteurs remonte.

Les chiffres des constructions de logements neufs sont à nouveau en baisse sur le premier trimestre 2015. Les mises en chantier ont reculé de 8,3% sur les trois premiers mois de 2015 par rapport au premier trimestre de 2014, à 82.700 unités, selon les chiffres du ministère du Logement. Après avoir atteint un pic en 2011, les mises en chantier n'ont cessé de reculé depuis : de 4,2% en 2013 par rapport à 2012 et de 10,3% en 2014 par rapport à 2013.

Pourtant, depuis quelques semaines, l'optimisme semble revenir du côté des acteurs du secteur du logement neuf. Une note de conjoncture de l'Insee publiée ce lundi indique qu'en avril, les promoteurs immobiliers « sont beaucoup moins nombreux qu'en janvier à indiquer une baisse de la demande de logements neufs (...) De même, les perspectives de mises en chantier de logements pour les trois prochains mois sont moins dégradées qu'en 2014. Elles s'améliorent notamment nettement pour les logements destinés à la vente ».

Un optimisme de façade?

Les promoteurs se disent rassurés par le retour des investisseurs dans l'immobilier neuf, un placement qui bénéficie de l'environnement de taux bas et de la mise en route du dispositif Pinel, qui permet aux investisseurs de louer leur bien immobilier sur des durées différentes (6, 9 et 12 ans, contre 9 ans pour le Duflot) à leur ascendant ou à leur descendant, tout en bénéficiant de l'avantage fiscal. Les promoteurs attendent donc une croissance soutenue des ventes aux investisseurs en 2015.

Certains sont cependant plus mesurés sur la reprise à venir. Car au premier trimestre 2015, le nombre de permis de construire accordés pour des logements neufs, un indicateur des mises en chantier de demain, a encore chuté de 12,5%, à 85.100 unités, par rapport au même trimestre de 2014, selon le ministère du logement. "Depuis deux ans, le nombre de permis de construire est en chute libre, surtout en 2014. Et s'il y a fort à parier que la demande sera forte en 2015, il nous sera malheureusement très difficile de la satisfaire entièrement", explique Nordine Hachemi, PDG du promoteur immobilier Kaufman & Broad.

Les effets des réformes encore attendus

Par ailleurs, les coûts de revient des promoteurs restent trop élevés, à cause notamment à la hausse du prix du foncier en zones tendues et à celle des coûts de la construction. Ce qui les empêche de commercialiser des logements à des prix en adéquation avec le pouvoir d'achat des ménages. Redoutant les risques d'invendus, les promoteurs préfèrent donc décaler le lancement de certains programmes. Le gouvernement a pourtant pris en 2013 et en 2014 des mesures pour libérer le foncier public et le foncier privé, pour simplifier les normes et lutter contre les blocages.

Mais les acteurs de la construction ne semblent pas encore en ressentir les effets. "Le foncier se fait toujours aussi rare, aucune jurisprudence favorable n'a été actée en matière de recours abusifs et le retour à davantage de simplification administrative ne se ressent pas sur le terrain. Bref, il n'y a pas encore d'évolutions positives concrètes qui nous font dire que l'on va pouvoir réduire notre prix de revient pour la construction d'un logement", indique Nordine Hachemi. Bref, il y a pas de quoi s'enflammer lors de ce début d'année, juste de quoi espérer une reprise dans les prochains mois.