Présidentielle 2017 : les mesures des candidats pour le logement... et ce que les Français en pensent

Par Hugo Baudino  |   |  680  mots
La question du logement était encore une fois absente du débat entre les candidats à l'élection présidentielle. Pourtant, les clivages y sont importants et les propositions bien différentes...
Le logement social et la fiscalité, voilà les deux axes d'amélioration qui semblent le plus intéresser candidats et électeurs en matière de logement, à quelques semaines du premier tour.

C'est un sujet de préoccupation majeur pour les Français, qui n'a pas été évoqué lors des deux premiers débats de la campagne présidentielle. En effet, le logement est pour l'instant relégué au second plan, alors qu'il reste, pour les Français, aussi important que l'emploi et l'éducation, comme le prouve le sondage du 3 avril réalisé par l'ifop pour Explorimmo et Keljob sur ces sujets.

1002 personnes ont donc été interrogées sur les différentes propositions des candidats en matière de logement, sans que le candidat concerné soit nommé. C'est la mesure des déductions fiscales afin de rénover les logements mal isolés, défendue par Emmanuel Macron, qui emporte le plus d'adhésion, avec 42% de "très favorable" et 51% de "plutôt favorable". Seulement 7% des personnes s'y déclarent opposées.

Le bémol, c'est que la formulation de la proposition est imprécise, d'autant que de multiples aides fiscales existent déjà à l'heure actuelle. C'est par exemple le cas du CITE (Crédit d'impôt pour la transition énergétique). Emmanuel Macron propose d'ailleurs de remplacer ce CITE par une aide versée dès le début des travaux, et non pas l'année suivante. C'est donc davantage un lifting du dispositif actuel qu'une réelle nouvelle mesure.

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 Viennent ensuite deux mesures défendues par François Fillon :

  • Le fait de favoriser l'investissement public et privé, en établissant une stabilité fiscale pour 5 ans. L'idée d'une fiscalité sur l'immobilier inchangée pendant 5 ans  fait également partie du programme du candidat socialiste Benoît Hamon. 86% des Français y sont favorables;
  • La TVA réduite pour l'acquisition de la résidence principale ou pour un investissement locatif long, mesure à laquelle 84% des Français interrogés sont favorables. Pour rappel, François Fillon est aussi favorable à une hausse du taux normal de TVA de 2 points (passant de 20 à 22 %) et il souhaite restreindre le champ d'application des dispositifs d'incitation fiscale pour l'investissement locatif de longue durée.

Divergences de priorités sur le logement social

Vient ensuite la proposition de Marine Le Pen de donner la priorité aux citoyens français pour l'attribution des logements sociaux... 42% des Français s'y déclarent très favorable et 32% plutôt favorables, soit un total conséquent de 74% dans le camp du "Pour". Mais elle est talonnée par une mesure portée par la gauche, à savoir la création de 150.000 (pour Hamon) à 200.000 (pour Mélenchon) logements sociaux par an. 73% des Français y sont favorables, même si la proportion de "plutôt favorable" est plus importante (50%) que pour la mesure précédente.

Les Français tiennent à l'encadrement des loyers et à l'ISF

Pour ce qui est des mesures les moins populaires en matière d'immobilier, la suppression de l'encadrement des loyers afin de "libérer le marché", ne séduit que 44% des personnes interrogées. Sur le 56% du camp des "opposés", 21% sont même "très opposés" à cette mesure. C'est François Fillon qui propose de revenir sur cette disposition mise en place par le gouvernement sortant via la loi Alur. Ce résultat n'est pas surprenant, tant les Français semblent convaincus par les bienfaits et la nécessité d'un encadrement des loyers. Il aurait par ailleurs peut-être été judicieux de soumettre aux sondés la proposition de Benoît Hamon d'un élargissement de ce dispositif, pour l'instant limité à Paris et à la ville de Lille, aux 28 zones urbaines du pays, comme prévu à l'origine dans la loi Alur.

La mesure à laquelle les Français s'opposent le plus vient d'Emmanuel Macron. Le candidat d'En Marche souhaite réduire l'assiette de l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune) au patrimoine immobilier, en y excluant donc les placements financiers détenus par le contribuable. Seulement 36% des personnes interrogées y sont favorables, 33% plutôt opposées et 31% totalement opposées. Cette mesure avait pourtant reçu des avis bien plus favorables lors du dernier baromètre Odoxa-Guibor sur l'ISF.