Pas de bulle immobilière en France selon l'Insee

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  453  mots
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Les prix de l'immobilier ancien correspondent à une réelle rareté de l'offre estime l'Insee mardi 17 mai, et non à une bulle spéculative dont l'éclatement pourrait être néfaste.

L'envolée des prix immobiliers en France ces dernières années semble davantage liée à la pénurie d'offre qu'à la spéculation financière, à la différence de la situation des pays anglo-saxons ou de l'Espagne, a estimé mardi le directeur général de l'Insee, Jean-Philippe Cotis.

Cette opinion de l'Institut national de la statistique tranche avec celle du Centre d'analyse stratégique, organisme dépendant du Premier ministre, qui évoquait il y a quelques jours la création d'une "bulle" de l'immobilier en France susceptible de se dégonfler avec des effets néfastes.

Selon une nouvelle étude publiée mardi par l'Insee, les prix des logements anciens en France ont augmenté de 141% sur la période 1998-2010, soit plus de trois plus vite que les revenus (+43%).

Parallèlement, les loyers, qui sont encadrés, progressaient de 33%, soit en moyenne de 2,4% par an, un rythme supérieur à celui de l'inflation.

La courbe des prix immobiliers en France a ainsi connu jusqu'en 2007 une trajectoire relativement similaire à celle des Etats-Unis.

Mais les deux marchés n'ont pas vécu la crise de la même façon: alors que les prix de l'ancien chutaient rapidement sur le marché américain pour retrouver dès 2009 un niveau proche de celui du début des années 2000, la correction en France a été limitée (-7% en 2009) et les prix sont vite repartis à la hausse (+6,3% en 2010), tout comme le volume de transactions, quasiment revenu à son niveau d'avant-crise.

Pour autant, le niveau des prix en France ne résulte pas forcément de "déséquilibres financiers", a estimé Jean-Philippe Cotis lors d'une conférence de presse.

"En France, on ne voit pas une envolée de l'investissement, un excès d'investissement dans l'immobilier qui aurait pu justifier une embardée comme celle qu'on a vue dans les pays anglo-saxons ou en Espagne", a-t-il dit.

"On est plus du côté de la sphère réelle de l'économie et de la rareté physique que du côté de complications financières", a-t-il ajouté. Selon les derniers chiffres de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), les mises en vente de logements en France ont diminué de 11% au premier trimestre par rapport à la même période de l'an dernier.

Soulignant le rôle joué par la pénurie d'offre immobilière, Jean-Philippe Cotis a évoqué le niveau "relativement modeste" de l'investissement dans la construction.

"La situation en France et au Royaume-Uni semble donc refléter des rentes de rareté physique", a-t-il poursuivi, en notant que la faiblesse des taux d'intérêt avait eux des effets différents aux Etats-Unis et en Espagne "où la dimension spéculative était clairement établie".