Hausse des impôts : la nouvelle piste

Par latribune.fr  |   |  621  mots
Copyright Reuters
"La question est de savoir à partir de quel niveau on ne taxe plus seulement du salaire mais de la constitution de patrimoine. C'est 250.000 euros en Allemagne", souligne le ministre du Budget, François Baroin, dans L'Express.

Le gouvernement est en pleine réflexion sur la réforme de la fiscalité, notamment celle du patrimoine, voulue par Nicolas Sarkozy. Plusieurs pistes sont à l'étude et des ballons d'essai sont lancés.

Après celui sur la taxation des plus-values sur la résidence principale, écartée par le Premier ministre François Fillon mais pas par le Chef de l'Etat, la question d'une taxation accrue des hauts revenus est désormais sur la table.

C'est le ministre du Budget, François Baroin, qui l'évoque dans une interview au magazine L'Express. Il dit notamment que "le président a écarté la proposition de création d'une tranche supplémentaire de l'impôt sur le revenu" et qu'il "n'est pas question de transférer l'imposition du patrimoine sur ceux qui travaillent". Et il ajoute : "La question est de savoir à partir de quel niveau on ne taxe plus seulement du salaire mais de la constitution de patrimoine. C'est 250.000 euros en Allemagne. Est-ce un critère de convergence pertinent . Cette piste sera débattue. Je ne peux pas dire si elle sera retenue."

Le dossier de l'Express tente d'ailleurs de donner les contours de la future réforme avec l'éventuelle dispariation du bouclier fiscal, remplacé par un retour au plafonnement à 70% des revenus de l'impôt sur le revenu et de l'ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune. Ce dernier ne disparaîtrait pas mais changerait de nom, la résidence principale en serait partiellement ou totalement exclue - à condition de régler le problème constitutionnel du sort des placements concurrents - à moins que ne soit relevé le seuil d'entrée dans l'ISF de 800.000 à 1,2 million d'euros, avec un taux unique de  (contre 0,55% à 1,8% aujourd'hui).

Enfin, pour imposer le patrimoine, en particulier celui qui dort comme le veut le Chef de l'Etat - alors que la France est quasiment le seul pays à le taxer quatre fois (ISF, droits de succession, droits de mutation et taxe foncière) - il pourrait être imposé au taux marginal supérieur de l'impôt sur le revenu à savoir 41% contre 31,3% actuellement de prélévement libératoire forfaitaire, prélèvements sociaux de type CSG et CRDS compris.

Mais tout cela est encore en discussion.

Intervenant ce jeudi surt Canal Plus, François Baroin a indiqué que la réforme de la fiscalité portera cette année sur le bouclier fiscal et l'ISF mais une autre devra être menée après l'élection présidentielle de 2012. "Le périmètre est assez strict, ce ne sera pas le 'grand soir' : on ne va pas parler de la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG, on ne parlera pas de la retenue à la source. Ce sera une étape constitutive. Il faudra lire politiquement dans cette réforme ce qui devra être à l'évidence plus tard une réforme plus large après les présidentielles."

"On a une problématique importante sur les niches fiscales et sociales (...), on a une problématique sur la retenue à la source (...), on a une problématique sur le caractère proportionnel ou progressif des impôts; tout ça, c'est devant nous, nous ne traiterons pas ça en juin", a-t-il poursuivi.

Le ministre du Budget a dit viser une réforme juste et qui n'altère pas la compétitivité des entreprises installées en France.

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'est prononcée lundi pour une réforme de l'impôt sur les sociétés (IS), mais pas dès cette année. Elle a ainsi regretté que l'assiette de cet impôt soit rongée par les niches fiscales alors que son taux théorique, plus élevé qu'ailleurs, rend la France peu attractive.