Réforme fiscale : "tour de passe-passe", "miroir aux alouettes", "diversion qui finira mal"...

Par latribune.fr  |   |  771  mots
Près de 90% sont pour cette "remise à plat de la fiscalité" lancée par Jean-Marc Ayrault, selon un sondage BVA publié samedi. Cependant, trois quarts d'entre eux estiment d'ores et déjà qu'elle ne sera ni "juste" ni "efficace".
Tandis que Jean-Marc Ayrault reçoit ce lundi la quasi-totalité des partenaires sociaux afin d'évoquer avec eux son projet de réforme fiscale, les réactions se multiplient à l'égard de ce chantier pharaonique. Gros plan sur les déclarations des principaux politiques de l'opposition ainsi que celles des syndicats.

C'est l'acte 1 de la réforme fiscale annoncée par Jean-Marc Ayrault. Ce lundi, le Premier ministre reçoit les partenaires sociaux : Force ouvrière, la CFDT,  la CFE-CGC, la CGT, la CFTC, puis le Medef et l'UPA vont se succéder à Matignon. Un chantier pharaonique approuvé par les Français puisque près de 90% sont pour cette "remise à plat de la fiscalité", selon un sondage BVA publié samedi.

Cependant, trois quarts d'entre eux estiment d'ores et déjà qu'elle ne sera ni "juste" ni "efficace". Et du côté de la classe politique et des syndicats, les réactions se multiplient. Tour d'horizon.

  • François Baroin : un "miroir aux alouettes"

L'ancien ministre UMP du Budget puis de l'Economie, a qualifié ce  lundi de "miroir aux alouettes" l'idée d'une fusion CSG-Impôt sur le revenu. Et François Baroin a estimé qu'il était impossible de baisser les impôts actuellement.

Sur RTL, le député a assuré avoir lui-même exploré une réforme fiscale d'ampleur, quand il était à Bercy.

C'est une idée qui a séduit à peu près dans tous les camps et à toutes les périodes. Comme ministre du Budget, j'avais commandé un rapport fiscal à l'inspection générale des Finances (...) J'en avais porté une qui visait la suppression du bouclier et l'ISF et j'avais glissé une question sur la problématique de fusion impôt sur le revenu et CSG (...) On y a renoncé pour des raisons objectives, c'est-à-dire que c'est une réforme insurmontable.

Autres réactions du côté de l'UMP : Jean-François Copé a ainsi déclaré qu'il "ne cautionnerai pas un projet qui ne prévoit pas d'abord une baisse massive des impôts". De son côté, Xavier Bertrand a affirmé qu'il craignait que  "cette annonce (...) ne soit qu'un coup politique destiné à lui (Jean-Marc Ayrault) faire sortir la tête de l'eau."

  • François Bayrou : une "diversion" qui "finira mal"

Le président du MoDem, a estimé ce dimanche qu'il s'agissait d'une "diversion" qui "finira(it) mal" et que la "bonne réforme" serait d'abord "une réforme de la dépense", lors de l'émission C politique. Et de préciser son point de vue en affirmant :

C'est une diversion car (M. Ayrault) avait le sentiment qu'il ne pouvait plus bouger. C'est d'ailleurs absolument extraordinaire de penser que cela a été fait sans que le ministre de l'Économie en soit informé. François Hollande lui-même, j'imagine qu'il était informé mais on ne peut pas dire que son équipe ait manifesté un enthousiasme délirant sur le sujet.

  • Jean -Luc Mélenchon : si c'est "un tour de passe-passe", il "lui en cuira"

Le co-président du parti de Gauche a affirmé qu'il voulait bien "faire l'effort de prendre au sérieux" la remise à plat fiscale, , dans une interview à DirectMatin. Cependant, il avertit que si c'est "un tour de passe-passe", il "lui en cuira". Jean-Luc Mélenchon, qui organise dimanche prochain "une marche pour la révolution fiscale", a également ajouté que :

Les Français ne sont pas des imbéciles si faciles à gruger. Il est donc important d'aller manifester.

  • Marine le Pen n'y croit pas

"Je ne crois pas du tout à cette grande réforme, elle ne sera pas faite", a déclaré la présidente du Front national. Mardi dernier, cette dernière avait déjà estimé que le Premier ministre n'avait "rien compris à l'absurdité de sa politique fiscale". Elle avait ainsi ajouté que :

Jean-Marc Ayrault confirme que le gouvernement n'a rien compris à l'absurdité de sa politique fiscale, qui crée de l'injustice, détruit de la croissance et accroît les déficits en diminuant les rentrées d'impôts.

  • Jean-Claude Mailly : "banco tout de de suite"

Le dirigeant de FO, qui ouvre, ce matin à 8H30, le bal  des rencontres du Premier ministre avec les partenaires sociaux, a affirmé :

Quand le Premier ministre a annoncé qu'il était pour une remise à plat fiscale, j'ai dit banco tout de suite.

Jean-Claude Mailly s'est dit toutefois opposé à un prélèvement à la source de l'IR, une des pistes à l'étude. Par ailleurs, il a estimé qu'il y avait "un malaise fiscal" en France, mais pas de "ras-le-bol" de l'impôt.

De leur côté, la CGT et la CFDT, ont annoncé qu'ils étaient opposés à la fusion de l'impôt sur le revenu avec la CSG, et réclament un impôt "plus progressif" et plus "juste".

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