Un Français sur dix est en difficulté face à l'écrit

Par Giulietta Gamberini  |   |  622  mots
Les situations préoccupantes diminuent lorsque le niveau d'étude s'élève.
Les situations "très préoccupantes" face à l'écrit sont surtout liées au niveau d'études, à une scolarisation effectuée à l'étranger ainsi qu'à un éloignement prolongé du marché du travail, explique une étude récente de l'Insee.

Les graves difficultés à l'écrit qu'éprouvent 11% des adultes français dépendent surtout d'un faible niveau d'études ainsi que de leur scolarisation effectuée à l'étranger. Un chômage prolongé est aussi souvent lié à ces problèmes, analyse l'Insee dans une étude publiée en novembre.

Des échantillons représentatifs de la population entre 16 et 65 ans de cinq régions (Haute-Normandie, Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Provence-Alpes-Côte d'Azur) ont été soumis en 2011 à des « exercices » reprenant des situations de la vie quotidienne, afin de mesurer leurs capacités de lecture, d'écriture et de compréhension d'un texte. Une personnes sur dix a rencontré des difficultés « préoccupantes ». Mais deux individus sur dix ont très bien réussi les exercices, y compris les plus complexes.

Un faible niveau d'études et une scolarisation à l'étranger sont des facteurs importants et parfois liés

Dans toutes les cinq régions, les situations préoccupantes diminuent lorsque le niveau d'études s'élève.

« Par rapport aux personnes scolarisées jusqu'au secondaire, les personnes disposant d'un niveau d'études supérieures ont sept fois moins de risque de se trouver en situation préoccupante, contre quatre fois plus pour les personnes sorties du système scolaire au niveau du primaire », précise l'Insee.

Au niveau national, le fait d'avoir été scolarisé à l'étranger semble aussi influer très fortement sur la probabilité d'être en situation préoccupante à l'écrit, d'autant plus lorsque la langue de scolarisation n'a pas été le français. Les deux facteurs peuvent d'ailleurs être liés, remarque l'analyse, de nombreuses personnes scolarisées à l'étranger ayant un faible niveau d'études.

En Ile-de-France l'immigration récente explique une partie des difficultés

Il existe néanmoins des variables régionales. En Ile-de-France, notamment, deux tiers personnes en situation préoccupante à l'écrit n'ont pas été scolarisées en France : deux fois plus que pour l'ensemble des gens vivant en métropole. Dans le Nord-Pas-de-Calais, c'est l'inverse : la plupart des individus en difficulté ont fait leurs études dans l'Hexagone.

« Cela peut être dû au fait que les Franciliens nés à l'étranger sont arrivés en France plus récemment, en moyenne, que les Nordistes nés à l'étranger », suggère l'Insee.

A l'inverse, l'Ile-de-France est aussi la région qui compte la proportion la plus importante de personnes déclarant avoir un niveau d'études supérieures (44%), ce qui explique que 26% des Franciliens soient très à l'aise à l'écrit (contre 16% des Nordistes).

L'éloignement du marché de l'emploi compte plus que l'âge ou le sexe

Si le fait de résider dans le Nord-Pas-de-Calais et dans le Paca semble à première vue faire croître la probabilité de se retrouver en situation préoccupante à l'écrit, cette différence disparaît dès lors que l'on prend en compte le taux de chômage régional.

« Un éloignement prolongé du marché du travail peut agir à la fois comme une cause et une conséquence sur les difficultés à l'écrit », explique l'Insee.

L'institut évoque néanmoins aussi l'usage plus fréquent des langues régionales au cours de l'enfance dans ces régions.

L'âge est le sexe sont en revanche très peu déterminants. En France métropolitaine, l'écart entre hommes et femmes en difficulté face à l'écrit n'est que de 2% en défaveur des premiers. Et si partout les plus jeunes ont moins souvent de difficultés que les plus âgés, c'est encore l'accès aux études supérieures qui explique cette différence. L'Ile-de-France est la seule région où le risque de difficultés à l'écrit est accru pour les moins de 30 ans indépendamment d'autres facteurs.