Crise de la dette : Sarkozy demande à ses ministres plus d'efforts

Par Clarisse Jay  |   |  558  mots
Le président de la république a demandé aux ministres de l'Economie et du Budget de lui faire des propositions dès la semaine prochaine pour garantir les objectifs de réduction du déficit public. Des "décisions définitives" seront prises le 24 août.

La crise des dettes souveraines et l'emballement des places boursières ont poussé la France à accélérer son calendrier. Malgré les déclarations qui se voulaient rassurantes de François Baroin et de Valérie Pécresse en début de semaine (La Tribune du 10 août 2011), le chef de l'Etat a convoqué en urgence ce mercredi, pour une réunion de "travail" à l'Elysée, les ministres de l'Economie et des Finances, du Budget, mais aussi des Affaires étrangères et européennes ainsi que le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.

Après plus de deux heures de réunion, destinée à dresser un "état des lieux de la situation économique" et d' "établir le programme pour les semaines qui viennent", selon les termes de François Baroin, décision a été prise de mettre les bouchées doubles en matière de réduction des déficits. Si le président de la république salue dans un communiqué "les décisions prises par les institutions européennes et américaines" et par la BCE, s'il souligne, citant la réforme des retraites, "que les évolutions actuelles valident la stratégie économique conduite par le gouvernement", s'il rappelle enfin que "les engagements de réduction du déficit des comptes publics sont intangibles et seront tenus quelle que soit l'évolution de la situation économique", il n'en a pas moins demandé à ses ministres de l'Economie et du Budget "de lui faire des propositions afin de garantir le respect de ces objectifs dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances pour 2012".

Pas de répit donc pour François Baroin et Valérie Pécresse, qui devront rendre leur copie dès mercredi prochain, lors d'une "rencontre" avec le Premier ministre et Nicolas Sarkozy. Des "décisions définitives" seront prises le 24 août lors d'une nouvelle réunion.

Raboter encore les avantages fiscaux

La réunion de ce mercredi matin n'aura donc débouché "que" sur l'annonce d'un calendrier. Cependant, elle traduit bien la pression à laquelle est soumise le gouvernement français, alors que les récents indicateurs macroéconomiques (telle, pas plus tard que ce mercredi, la chute de 1,6% de la production industrielle en juin) augurent d'une conjoncture plus morose que prévu (La Tribune du 5 août 2011), voire d'une croissance moindre, comme l'a laissé entendre lundi la Banque de France. Dans ce contexte, pour tenir ses objectifs de réduction de déficit à 5,7% du PIB cette année, 4,6% en 2012 et 3% en 2013, le gouvernement est prêt à "davantage d'efforts". Valérie Pécresse l'a encore martelé mardi à l'occasion de la publication de la situation budgétaire mensuelle.

Coup de rabot supplémentaire sur les niches fiscales (après 11 milliards d'euros d'économies réalisées en 2011 sur une vingtaine de niches dites "actives", le gouvernement vise 3 milliards en 2012, mais est prêt à monter jusqu'à 6 milliards quitte à viser désormais les niches à caractère social), abaissement de leur plafond voire nouveaux déremboursements de médicaments ou hausses légères de la TVA ou de la CSG, prônent certains économistes. En attendant, le chef de l'Etat a une nouvelle fois appelé ce mercredi l'opposition à voter la fameuse "règle d'or" qui consiste à inscrire dans la constitution les règles de retour progressif à l'équilibre budgétaire.