Hollande... Cent jours pour réussir

Par Philippe Mabille  |   |  809  mots
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Pas d'état de grâce pour le nouveau président. Sous la double surveillance des marchés et de nos partenaires, il va devoir agir vite. Agenda surchargé et législatives en juin, des travaux d'Hercule l'attendent.

Nous avons l'immense responsabilité de réussir »... Élu le 6 mai, François Hollande n'a pas attendu son investiture officielle, le 15 mai, pour se mettre au travail. Le nouveau président, qui met la dernière main au choix de son Premier ministre et du gouvernement, sait qu'il n'aura ni état de grâce, ni droit à l'erreur. Le septième président de la Ve République dit s'être préparé pour cela. Et, de fait, l'agenda des cent premiers jours est, sur le papier au moins, déjà bien cadré. La première année du « changement » a été séquencée pour lui par Laurent Fabius : son programme, François Hollande le connaît par c?ur. Ce qu'il sait moins, c'est le niveau de température et de pression qu'il va devoir affronter pour le mettre en ?uvre. Pour l'instant, les marchés lui laissent le bénéfice du doute, s'intéressant plus au chaos politique en Grèce qu'au résultat des élections françaises, largement anticipé. Les agences de notation Fitch et Standard & Poor's ont indiqué que l'alternance n'aurait pas d'impact immédiat sur la note de la France, mais sans exclure de l'abaisser à nouveau. Malgré un agenda européen et international surchargé en mai, François Hollande a donc un peu de temps pour réfléchir à l'ordre des priorités, négocier avec nos partenaires, notamment l'Allemagne, et discuter avec les partenaires sociaux. Bien entendu, ses marges de man?uvre dépendront aussi de la majorité à l'Assemblée nationale. Mais, en tête dans 333 circonscriptions sur 577, la gauche a de fortes chances d'être majoritaire, comme elle l'est aussi au Sénat.

Angela Merkel, la clé de Beaucoup de portes

L'agenda européen est le premier sur la liste. C'est aussi celui qui posera les fondations pour la suite. Prévue le 16 mai, dès le lendemain de la passation de pouvoir, la rencontre avec Angela Merkel à Berlin est la clé qui ouvrira ensuite toutes les portes. Soit les deux dirigeants s'entendent sur un compromis entre discipline budgétaire et croissance, soit la situation va devenir très vite très compliquée pour le nouveau président. Sa première « sortie » officielle dans l'arène européenne sera le dîner informel convoqué par Herman Van Rompuy, le 23 mai à Bruxelles. Suivra le sommet des 28 et 29 juin. Tout se jouera là. Non pas sur le pacte budgétaire, puisque Angela Merkel a prévenu qu'il n'était pas négociable, mais sur l'initiative de croissance préparée par la commission et sur lequel un accord est possible. L'important, pour Hollande comme pour Merkel, sera d'en sortir chacun avec une victoire. Pour parvenir à un accord, François Hollande sait qu'il devra donner des gages de rigueur. L'audit des finances publiques est fait pour cela. Prévenir la gauche impatiente que tout ne soit pas possible tout de suite et que, comme il l'a indiqué pendant la campagne, le premier temps du quinquennat sera celui du redressement des comptes. Les premières mesures économiques et sociales seront donc modestes. Augmentation de l'allocation de rentrée scolaire, coup de pouce au smic, blocage du prix des carburants (à la hausse, les prix étant orientés à la baisse), retraite à 60 ans : les signaux en direction du pouvoir d'achat seront scrutés à la loupe et devront être financés dans le collectif budgétaire dés juillet.

Le budget 2013, plus gros coup du quinquennat

Les choses sérieuses se dérouleront dans l'été avec la préparation du projet de budget 2013 et le vote de la réforme fiscale. C'est là que se jouera le plus gros coup du quinquennat, puisque François Hollande compte augmenter très fortement les recettes dès l'an prochain pour rendre possible la baisse du déficit à 3 % du PIB, comme promis. Une réforme « juste », a-t-il promis, mais un effort partagé qui fatalement fera des mécontents, et pas seulement les plus riches. La hausse de 1,6 point de la TVA sera annulée, mais la hausse des prélèvements touchera tout le monde. Ce sera aussi le cas pour les économies sur les dépenses publiques sur lesquelles le candidat est resté très flou mais qu'il devra tôt ou tard préciser. Enfin, le nouveau président devra s'atteler au pacte productif qu'il a annoncé pour relancer l'économie et l'industrie. À la mi-juillet, la conférence sociale avec les partenaires sociaux le verra retrouver le mur des réalités, à savoir le problème de compétitivité des entreprises françaises. Il devra aussi mener une dure bataille avec le lobby bancaire à propos de la loi sur la séparation des activités de dépôt et de spéculation.

Les dossiers urgents des 100 premiers jours :

L'Europe  /  La dette

L'emploi L'entreprise

La finance  /  La fiscalité