Pour Hollande, la suppression des niches fiscales n'est pas une hausse d'impôt

Par Ivan Best  |   |  441  mots
Dans son intervention sur TF1, François Hollande n'a compté que deux hausses d'impôts pour les ménages en 2014. La réalité est un peu différente... REUTERS, Francois Mori
Le chef de l'Etat ne voit que deux hausses d'impôts pour les ménages en 2014, mettant volontairement de côté les suppressions de niches. Elles alourdiront pourtant la facture fiscale

 « Les deux seules hausses d'impôts de 2014 seront le relèvement de la TVA et la baisse du quotient familial » (le plafond sera ramené à 1.500 euros d'avantage fiscal par part) , a déclaré dimanche soir François Hollande.

Suppressions de niches confirmées

En creux, cette déclaration contient un message : aux yeux du chef de l'Etat, les suppressions de niches fiscales ne sont pas des hausses d'impôts. Car certaines « niches » attachées à l'impôt sur le revenu disparaîtront ou seront réduites, l'an prochain. Ce sera le cas des réductions d'impôt liées à la scolarisation des enfants en collège, lycée ou université (500 millions d'euros d'impôt en plus), ou de la déduction du revenu imposable des cotisations au titre des mutuelles complémentaire santé (un milliard d'euros d'impôt sur le revenu supplémentaire). Ces deux décisions, qui ont fuité dans la presse, ont été confirmées par le ministre des relations avec le Parlement, Alain Vidalies. On peut ajouter la fiscalisation de la majoration des retraites de 10% dont bénéficient les retraités ayant eu trois enfants.

Plus d'impôt à payer

Difficile, pourtant, de ne pas parler de hausses d'impôts : une famille avec enfants dans le secondaire, dont les revenus sont stables, en euros constants, en 2013, verra, en 2014, son impôt augmenter. Avec un enfant au collège et un à l'université, par exemple, elle devra payer 244 euros d'impôt en plus.

Une niche, un mécanisme destiné à réduire volontairement sa facture...

 Pour de nombreux fiscalistes, une niche est un dispositif que les contribuables utilisent volontairement, en ayant recours à un mécanisme spécifique, pour réduire leur facture fiscale. En l'occurrence, il ne s'agit bien évidemment pas de cela : la famille citée en exemple n'a fait aucune démarche volontaire, et pourtant, son impôt sera relevé.

Hollande suit les ministres des Finances....

François Hollande adopte ainsi une position extrême dans ce débat : il assimile à des niches fiscales des dispositifs se situant à la limite de la définition, et il refuse de voir, dans leur suppression, des hausses d'impôts. Il semble prêt à suivre de nombreux ministres des Finances, de droite comme de gauche, qui évoquent à ce propos des « économies sur les dépenses fiscales ». Alors premier ministre, François Fillon avait avoué que les suppressions de niches qu'il avait décidées avec Nicolas Sarkozy équivalaient bien sûr à des hausses d'impôts.

... et oublie la hausse des cotisations retraite

En affirmant avoir réduit à deux les hausses d'impôt, François Hollande oublie quelque peu, en outre, la hausse des cotisations retraite....