L'Etat touche de moins en moins de dividendes

Par Nicolas Richaud  |   |  603  mots
Pour 2013, l'Etat ne table que sur 3,2 milliards d'euros de remontées de dividendes contre 4,5 milliards d'euros l'an dernier, d'après un document annexé au projet de loi de Finances 2014. (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2012. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)
Pour 2013, Bercy ne table que sur 3,2 milliards d'euros de remontées de dividendes des entités dans lesquelles l'Etat a des participations, contre 4,5 milliards d'euros l'an dernier. Une réduction qui devrait se poursuivre en 2014. Des prévisions qui ont de quoi surprendre.

Dans le budget de l'Etat, c'est une ligne moins scrutée à la loupe que d'autres, et pourtant elle a son importance car l'Etat est aussi un actionnaire aux participations nombreuses et variées. Et en 2013, ces dernières devraient s'avérer moins fructueuses qu'en 2012, en termes de dividendes, puisque pour cette année, l'Etat ne table finalement que sur 3,2 milliards d'euros de remontées contre 4,5 milliards d'euros en 2012, d'après un document annexé au projet de loi de Finances 2014, selon une information de BFM. Ce qui représente une baisse de près de 30%. En 2010 et 2011, l'Etat avait perçu 4,4 miliards d'euros et 4,5 milliards d'euros.

Fin août, l'Etat accepte de ne pas ponctionner la SNCF

Cette actualisation du montant des dividendes devant être touché par l'Etat en 2013 n'est guère étayée par Bercy qui s'est borné à préciser que "l'Etat percevra sous forme d'actions, une quote-part du dividende EDF (0,10 euro par action) pour un montant s'élevant à 156 millions d'euros." Pour rappel, fin août, l'Etat avait accepté de renoncer à percevoir les 500 millions d'euros annuels générés par les dividendes et l'impôt sur les sociétés acquittés par la SNCF. Une décision qui n'est pas neutre puisque en 2012, l'Etat avait perçu pour 208 millions d'euros de dividendes de la part de la compagnie ferroviaire.

Une baisse qui devrait se prolonger en 2014

Tout aussi surprenant : si Bercy se montre tout aussi laconique concernant l'année 2014, ce dernier précise que cette tendance baissière devrait se poursuivre puisqu'il est mentionné que "compte tenu du contexte économique et financier des entreprises, un ajustement est anticipé en 2014 avec une diminution du montant des dividendes."

Résultats en hausse, dividendes en baisse

A l'heure actuelle, l'Etat, via l'agence des participations de l'Etat, détient des parts dans près de 70 entités qui vont de grandes groupes cotés en bourse (Renault, Areva, EDF), à des entreprises de taille plus intermédiaire (Sovafim, DCI) en passant par des établissement publics (Caisse nationale des autoroutes, RFF, RATP). Et cette baisse annoncée a donc de quoi surprendre.

En effet, le 1er août dernier, l'APE annonçait, d'une part, que sur les premiers mois de l'année 2013, le portefeuille de ses participations cotées s'était apprécié de près de 30%, (et s'élevait à près de 72 milliards d'euros). D'autre part, les résultats semestriels, des plus grosses entreprises présentes dans ce même portefeuille, témoignaient de performances solides et les prévisions étaient plutôt optimistes quant à la suite de leur année 2013. Or, ces grandes entreprises sont celles qui remontent le plus, en volume, de dividendes vers l'Etat, (GDF Suez est ainsi le plus gros contributeur puisque le groupe apporte à l'Etat environ 1,3 milliard d'euros de dividendes par an.)

Une baisse qui ne s'explique pas en l'état

Et si la politique de rémunération des actionnaires d'une entreprise, et les résultats de celles-ci  ne sont pas automatiquement liés, le fait que se conjuguent d'un côté, amélioration des performances de ces entreprises et prévisions de dividendes en baisse du côté de l'Etat-actionnaire, est relativement déroutant. D'autant plus que si l'Etat a vendu des participations, (en cédant notamment pour 1,5 milliards d'euros de parts dans EADS, Safran et ADP depuis mars dernier), le volume de ces désengagements, à l'heure actuelle, ne saurait expliquer à lui seul cette baisse annoncée.

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