Les Français ne donnent plus comme avant

Par Giulietta Gamberini  |   |  551  mots
L’aide sociale en France a collecté 421,2 millions d’euros en 2012. (Crédits : AFP)
Non seulement les dons des Français tendent à se contracter, mais surtout, leur répartition selon les catégories sociales et les générations évolue sensiblement en raison notamment de la crise.

Un tiers des donateurs français ont dû réduire leurs dons en 2013 et 6% ont dû cesser de donner. Depuis 2003, le nombre de bienfaiteurs a baissé de près de 30%, « en lien avec la crise », estime le réseau associatif d'experts Recherches et solidarités, dans une étude qui exploite des informations fournies par Bercy comme les associations caritatives, ainsi que les résultats d'une enquête menée auprès des gens qui donnent.

La proportion des donateurs comptant distribuer moins l'année prochaine a augmenté de 3 points par rapport à 2012 (de 22% à 25%).

Les dons en ligne augmentent

Le bilan relève aussi un profond changement de nature dans la générosité au cours de ces dernières années. « La crise a mécaniquement provoqué une mutation des donateurs : la proportion de ceux qui donnent le moins a baissé, au profit de la proportion de ceux qui donnent le plus », calcule Recherches et Solidarités. Le part (en valeur) des dons des contribuables gagnant plus de 39000 euros par an est passé de 61% à 64% entre 2008 et 2012, alors que, inversement, celui des tranches inférieures s'est replié de 39% à 36%. Les premiers représentent désormais 41% des donateurs : 5 points de plus qu'en 2008.

La répartition par âge a aussi évolué. Selon les données du fisc, le part des donateurs de plus de 70 ans tend à se réduire, alors que celle moins de 40 ans augmente, probablement grâce à l'essor des dons en ligne. Les quinquagénaires voient aussi leur poids diminuer, lentement mais de façon continue, du paysage de la générosité.

Aide sociale en crise

Les secteurs les plus plébiscités restent, en revanche, inchangés. L'aide sociale demeure la première bénéficiaire avec  421,2 millions d'euros en 2012 collectés (repartis entre 26 associations et fondations), suivi de loin par le soutien à la recherche médicale (190,6 millions).

En termes de tendance, toutefois, l'aide sociale n'a progressé que de 1%, alors que

« l'on pouvait s'attendre, dans le contexte économique et social difficile actuel, que ce secteur soit quelque peu épargné et qu'il continue de mobiliser les donateurs », observe l'étude. Mais le domaine « est soutenu par bon nombre de donateurs modestes qui souffrent eux-mêmes des difficultés économiques et qui doivent limiter un peu le montant de leurs dons ».

Les actions de proximité privilégiées

Les actions de proximité semblent avoir été privilégiées par les donateurs en 2012, avec une augmentation de 3% environ des actions en faveur des personnes atteintes de maladie ou de handicap, de la recherche médicale et de l'environnement (secteur lui-même porté par le recours de plus en plus fréquent à l'internet).

Dans le même registre, les associations diocésaines ont aussi progressé deux fois plus (3%) qu'en 2009, récoltant 474 millions d'euros, malgré un fléchissement du nombre de donateurs, alors que l'Eglise protestante unie de France a récolté plus de 23 millions d'euros. Les actions hors de France, en contrepartie, ont pâti, notamment la solidarité internationale en faveur de l'enfance (- 4%) et du développement (- 2%).

Enfin, les Français ne donnent pas seulement aux associations : la moitié des personnes interrogées distribuent aussi à leurs proches (surtout les 65-69 ans), et quatre sur dix à des sans-abri de la main à la main. Plus d'une personne sur dix soutient des partis politiques ou des syndicats.