La France, homme malade de l’Europe ?

Par Fabien Piliu  |   |  504  mots
L'activité recule aussi bien dans le secteur manufacturier que dans les services
L’indice PMI, qui repose sur le sentiment des acheteurs, indique que l’activité a progressé en Allemagne,à un niveau inédit depuis mai 2011. Elle augmente également en zone euro. En France, l’activité continue de dégringoler. Depuis sept mois, elle n’a jamais été aussi basse.

Le contraste est saisissant. Reposant sur le sentiment des directeurs d'achats d'entreprises manufacturières et de services, l'indice flash PMI réalisé par la société Markit s'est une nouvelle fois replié en décembre. Après être repassé au-dessus de la barre des 50 en octobre, seuil qui indique une expansion de l'activité, il s'élève désormais à 47, contre 48 un mois plus tôt. La dégringolade est particulièrement sévère dans le secteur manufacturier, l'indice chûtant à 45,3 contre 48 en novembre.

Une grande frilosité

Dans les services, l'activité continue également de se contracter. L'indice est passé de 48,4 à 47,1 entre novembre et décembre. " Selon les répondants, la contraction de l'activité résulte d'une baisse du volume des nouvelles affaires, cette tendance reflétant une certaine frilosité chez les clients ", observe la société Markit.

Seul point positif, les perspectives d'activité à douze mois des prestataires de services s'améliorent en décembre, malgré le renforcement des baisses de l'activité et des nouvelles affaires. La confiance des entreprises affiche toutefois un niveau nettement inférieur à sa moyenne historique.

" Les dernières données PMI flash composites dressent un tableau inquiétant de l'économie française en cette fin d'année 2013. Une moins grande frilosité des clients s'avère donc essentielle pour éviter un nouveau recul prolongé de l'activité des entreprises du secteur privé français en 2014 ", avance Andrew Harker, économiste senior à Markit. " Ces résultats contrastent avec les dernières enquêtes publiées par l'Insee et la Banque de France ", renchérit Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas pour qui l'enquête PMI n'augure rien de bon pour le proche avenir de l'économie française.

En Allemagne, les indicateurs sont au vert

De l'autre côté du Rhin, la tendance est radicalement différente. Certes, l'indice PMI cède 0,2 point en décembre, mais il se maintient largement au-dessus de la barre des 50, à 55,2. Pour le sixième mois consécutif, les directeurs d'achats enregistrent une augmentation des volumes d'affaires.

Dans la zone euro, l'activité est également favorablement orientée. L'indice PMI continue de progresser, passant de 51,7 à 52,1 sur la période.

La France plombe la croissance européenne

Selon Chris Williamson, chef économiste chez Markit,

" Les inquiétudes portent essentiellement sur le déséquilibre de la reprise au sein de la zone de la monnaie unique. La France incarne de plus en plus 'l'homme malade de l'Europe'. En effet, un deuxième mois consécutif de contraction de l'économie pourrait donner lieu à une nouvelle baisse trimestrielle du PIB [le PIB a reculé de 0,1% au troisième trimestre], replongeant le pays dans une récession technique. En revanche, les données de l'enquête de décembre signalent un bon trimestre de croissance en Allemagne, où le PIB devrait progresser de 0,5 % ".

Et Johannes Gareis chez Natixis de renchérir.

" L'indice PMI de la France fragilise le rebond de la croissance en Europe de la zone euro. Celle-ci ne devrait pas progresser à un rythme supérieur de 0,1% au quatrième trimestre ".