Commerce extérieur : la France en déficit avec presque tous ses grands partenaires

Par Fabien Piliu  |   |  779  mots
La France affiche des déficits commerciaux bilatéraux avec la plupart des ses partenaires
Selon les Douanes, la France compte vingt-neuf « grands partenaires » commerciaux. Une lecture approfondie de ses statistiques nous indique que la France enregistre des déficits commerciaux bilatéraux avec vingt et un d’entre eux.

Nombreuses sont les études et les enquêtes qui constatent et décryptent la dégradation du commerce extérieur tricolore, dont le dernier excédent, de 3,5 milliards date de 2002. Depuis cette année, le déficit commercial n'a cessé de grimper pour culminer en 2011à 74 milliards d'euros. Il s'est ensuite élevé à 67,5 milliards en 2012, un niveau de déficit qui devrait être approché en 2013.

Un déficit, beaucoup d'explications

Les origines de ce déficit chronique ont été maintes fois étudiées : chute de la compétitivité-prix, insuffisance du nombre d'entreprises exportatrices - environ 100.000 sur un total de 3 millions d'entreprises -, faible nombre d'entreprises de taille intermédiaire, positionnement géographique trop euro-centré - environ 60% des exportations tricolores prennent la direction de l'Union européenne - et insuffisamment orienté vers les pays en forte croissance…Pourtant, les produits made in France ont bonne réputation hors de nos frontières.

Une lecture détaillée des statistiques des services des Douanes datées de novembre nous éclaire sur un autre point : hors matériel militaire, la France accuse des déficits bilatéraux avec 21 de ses 29 « grands partenaires »

Qui sont-ils ? Les Douanes ont retenu l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, l'Espagne, l'Irlande, l'Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède, la Norvège, la Russie, la Suisse et la Turquie sur le continente européen.

En Afrique, ont été retenus l'Afrique du Sud, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et le Nigéria, en Amérique du Nord, les Etats-Unis et le Canada, au Moyen-Orient, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis (EAU) et l'Iran. En Asie, les grands partenaires de la France sont la Chine, le Japon et Taïwan.

Albion n'est pas si perfide 

Sur les douze derniers mois, la France enregistre des déficits avec l'essentiel de ses grands partenaires européens, à l'exception du Royaume-Uni. Avec le pays de sa Gracieuse majesté, la France enregistre un excédent de 8,4 milliards qui s'explique en grande partie par les exportations de véhicules automobiles, d'aéronefs et de « vins de raisin ».

En revanche, les Douanes observent un déficit de 15 milliards avec l'Allemagne, 5 milliards avec la Belgique, 3 milliards avec l'Espagne, 4,2 milliards avec l'Irlande, 6 milliards avec l'Italie, 4,1 milliards avec les Pays-Bas, 1,3 milliard avec la Pologne, 1,1 milliard avec le Portugal, 2,2 milliards avec la République Tchèque, 1,2 milliard avec la Suède et 3,7 milliards avec la Norvège en raison des importations massives de pétrole brut, de produits raffinage du pétrole.

Des importations d'hydrocarbures (pétrole brut, produits du raffinage du pétrole, gaz liquide…) qui expliquent un certain nombre de déficit bilatéraux. C'est le cas de ceux observés avec la Russie (2,7 milliards), l'Algérie (1,7 milliard), le Nigéria (2,2 milliards), l'Arabie Saoudite (2,7 milliards) et dans une moindre mesure le Canada (4 milliards).

La France ne produit plus beaucoup de biens de consommation courante

D'autres situations déséquilibrées trouvent leur origine dans l'incapacité de l'industrie française à fabriquer à des prix compétitifs un certain nombre de produits de grande consommation, tels que les biens textiles, les chaussures, les produits électroniques, les ordinateurs et leurs périphériques, les équipements de communication…  

Résultat, si le déficit commercial de la France n'est que d'une centaine de millions d'euros avec la Tunisie, il grimpe à 700 millions avec Taiwan et culmine à 26 milliards avec la Chine.

Le poids des échanges intra-groupes

Enfin, malgré des structures industrielles relativement comparables, la France observe un déficit de 6 milliards avec les Etats-Unis et 1,3 milliard avec le Japon. Qu'importe-t-on du pays de l'Oncle Sam ? Surtout des avions, des préparations pharmaceutiques, des produits chimiques et des équipements électroniques. Le pays du soleil Levant nous vend essentiellement des véhicules automobiles, des produits chimiques et des biens d'équipement.

Les déficits avec ces deux pays doivent être en partie relativisés. En effet, ils s'expliquent en partie par le niveau très élevé des échanges intra-groupes dans certaines industries, particulièrement dans l'aéronautique et la chimie.

Les Emirats arabes unis, les amis de la France

Heureusement, les entreprises françaises trouvent du réconfort dans quelques pays. Parce qu'ils sont friands de " produit de la construction aéronautique et spatiale " et de produits cosmétiques, la France peut se targuer d'afficher un excédent de 2,5 milliards d'euros avec les Emirats arabes unis (EAU). Ensuite ? La France n'enregistre des excédents dont le montant est assez faible : 1,1 milliard avec l'Afrique du Sud, 600 millions avec le Maroc, 450 millions avec l'Iran - cette situation ne devrait pas durer si l'embargo sur les ventes de pétrole iranien est levé -, 400 millions avec la Suisse, 200 millions avec la Turquie.