Hollande met le cap sur les économies... mais dans un grand flou

Par Ivan Best  |   |  703  mots
François Hollande a confirmé les 50 milliards d'euros d'économies déjà annoncées sur la période 2015-2017. Mais comment financer de nouvelles baisses de charges? Quelle sera leur ampleur réelle? Le chef de l'Etat est resté flou sur ces points

 « Réduire la dépense publique, c'est le passage obligé pour réduire le déficit, c'est le préalable à toute baisse des impôts, à la conclusion du pacte de responsabilité ». Lors de sa conférence de presse, François Hollande a fait des économies sur les dépenses publiques un volet essentiel de sa politique économique. Sans vraiment clarifier les choses, sur le chiffrage des économies. Les 50 milliards qu'il a évoqués, sur la période 2015-2017, ne sont qu'une confirmation. Faut-il ajouter 30 milliards correspondant à la suppression annoncée des cotisations familiales à la charge des employeurs ?

Sans doute pas : si les employeurs préfèrent voir leur cotisation famille disparaître, le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), déjà voté et financé, disparaîtra au moins partiellement, a suggéré François Hollande. Autrement dit, des 30 milliards d'allègement de charges annoncés, il faudrait déduire 20 milliards ou un peu moins, correspondant au montant du CICE.

 Les ménages échapperont à une nouvelle facture

Une seule certitude : les ménages ne seront pas appelés à financer cet allègement des charges sociales, a annoncé le chef de l'Etat, avançant l'idée assez évidente que « leur pouvoir d'achat ne le supporterait pas ».

En tous cas, l'heure est aux économies. « Il n'y a pas d'autre voie que la réduction de la dépense » a répété le chef de l'Etat. « Tout en maintenant le modèle social ».

 Quelle crédibilité sur la baisse des dépenses?

François Hollande est-il crédible sur cet objectif ? Il annonce un changement de méthode. Désormais, c'est chaque mois, à l'Elysée, que les économies seront décidées. Mais cette «innovation « , qui ressemble furieusement à un retour à la pratique sarkozyste, ne donne pas la clé des économies.

Où se trouve-t-elle ? Il suffit de regarder ce qu'on fait les pays d'Europe du Nord, dit François Hollande. « Ils l'ont fait » sans mettre mal à leur modèle social.

Pour être répétée ad nauseam depuis des années, cette affirmation n'en est pas plus exacte. Elle ne l'est que très partiellement. La Suède, qui a réduit le poids de sa dépense publique en proportion du PIB, à partir de 1994, ne l'a pas fait en coupant drastiquement dans ses dépenses. Le gouvernement d'alors a simplement gelé les dépenses, qui n'ont pas augmenté en volume d'une année sur l'autre pendant cinq ans. Si la part de ces dépenses a été réduite en proportion du PIB, c'est simplement parce que celui-ci a fortement progressé, grâce à une dévaluation de la couronne suédoise : la baisse de la devise a dopé la croissance, via une relance des exportations.

L'Allemagne a le plus taillé dans les dépenses, en coupant dans les retraites

Le pays qui a le plus coupé dans ses dépenses est en fait l'Allemagne, au milieu des années 2000. Gerhard Schröder a alors coupé dans les allocations chômage et dans les retraites publiques.

Est-ce la solution adoptée par François Hollande ? Il affirme au contraire vouloir « faire en sorte de ne pas toucher à notre modèle ». Les exemples d'économies cités par le chef de l'Etat, concernant la sécurité sociale, sont d'ailleurs dans le droite ligne de ce qui se fait déjà : économies sur les génériques, réforme des parcours de soin pour alléger la pression sur l'hôpital…

Des économies sur les collectivités locales?

Pas de quoi « accélérer », pour reprendre l'un des termes favoris de François Hollande, le processus d'économies.

Le Président de la République a évoqué également la réforme des collectivités locales. Les régions verront leurs compétences clarifiées, et des incitations seront prévues pour que leur nombre soit réduit. De même, des départements pourraient fusionner, au sein des grandes métropoles. De quoi alimenter un courant important d'économies budgétaires ? Pas vraiment.

 La réalité de la dépense publique, c'est qu'elle est constituée, près de 60%, de dépenses sociales. Et que, pour le reste, la masse salariale en constitue une grande partie.