Baisse du coût du travail : Pierre Gattaz (Medef) veut une rapide clarification

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  682  mots
Pierre Gattaz, président du Medef veut très vite une clarification sur l'amplueur des allègements de cotisations annoncés par François Hollande
Le président du Medef attend de François Hollande de rapides clarifications sur le montant des nouveaux allègements de cotisations (financement de la politique familiale). S'agit-il réellement de 30 milliards d'euros, comme il l'espère? Ou seulement de 10 milliards qui viendraient s'ajouter aux 20 milliards du crédit d'impôt compétitivité emploi déjà consentis ?

Bien entendu, le Medef se dit satisfait des annonces de François Hollande lors de sa conférence de presse du 14 janvier sur la baisse du coût du travail. Un discours "qui va dans le bon sens " pour Pierre Gattaz, président de l'organisation patronale. Bien entendu, le Medef ne boude pas son plaisir avec l'annonce de la fin du financement de la politique familiale par les entreprises, soit un allègement des cotisations de quelque 30 milliards d'euros pour ces dernières.

Le Medef veut 100 milliards d'euros d'allègements

Bien entendu, enfin, le Medef demande déjà plus, beaucoup plus pour améliorer les marges des entreprises et pouvoir tenir son objectif de recruter 1 million de nouveaux salariés en cinq an. Ce que veut le Medef, ce n'est pas un allègement de 20 ou 30 milliards d'euros mais… de 100 milliards, soit, selon Pierre Gattaz, "la différence de charges qui pèsent sur les entreprises française par rapport aux entreprises allemandes". Il faut donc faire beaucoup plus "si l'on veut escalader l'Everest et non pas seulement la Butte aux cailles [une colline parisienne]", selon la métaphore utilisée par le président du Medef.

10 ou 30 milliards de nouveaux allègements?

D'autant plus que Pierre Gattaz a souligné, à juste titre, l'ambigüité des propos présidentiels. Il attend donc une clarification rapide de François Hollande, espérant même qu'elle interviendra dès le 21 janvier à l'occasion des vœux du président de la République aux acteurs de la vie économique et sociale.

Pierre Gattaz souhaite ne pas avoir mal compris. Il espère que les 30 milliards d'allègements annoncés sur les cotisations « famille » viendront s'ajouter aux 20 milliards d'euros déjà accordés aux entreprises dans le cadre du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). Mais le patron des patrons qui n'est pas du tout naïf  et qui a "passé des heures à décrypter les propos présidentiels" craint qu'il ne s'agisse pas de cela, sans doute à raison.

Car, après son discours liminaire, où il a évoqué la disparition sur trois ans (d'ici à 2017) des cotisations familiales, "soit 30 à 35 milliards d'euros, François Hollande a précisé en réponse à une question d'un journaliste que le CICE devrait «"être transformé en baisse de cotisation" à partir de 2016. Ce qui pourrait signifier que les 20 milliards du futur ex-CICE seraient alors compris dans les 30 milliards de baisse de cotisations annoncées par le président. Le nouvel effort en faveur des entreprises serait donc en réalité limité à 10 milliards d'euros. C'est sur ce point précis que Pierre Gattaz demande une clarification pour le 21 janvier et nombre d'organisations patronales lui emboitent le pas sur ce sujet. Sans parler d'un sujet annexe mais non moins techniquement important : actuellement, le CICE ne concerne que les salaires allant jusqu'à 2,5 Smic, alors qu'une suppression totale des cotisations familiales devra concerner l'ensemble des rémunérations.

Un financement assuré par de nouvelles économies

Un autre point préoccupe le président du Medef : comment financer ce nouvel allègement de cotisation, qu'il soit de 30 milliards d'euros ou, in fine, de 10 milliards? Aucune hésitation pour lui : il faut trouver des économies dans les dépenses publiques. Mais si, au pire, ceci s'avérait  impossible, Pierre Gattaz n'est pas contre une nouvelle hausse de la TVA déjà passée le 1er janvier dernier de 19,6% à 20%. "On pourrait faire un point supplémentaire durant trois ans pour parvenir à 23%". François Hollande, lui, s'est engagé à "n'effectuer aucun transfert de charges des entreprises vers les ménages." Il préconise, lui aussi, de financer les allègements par des économies, déclarant même, in fine, que l'ampleur de la baisse des charges "dépendra de l'effort d'économies". Là aussi des propos trop flous pour le Medef qui souhaiterait qu'on inverse la problématique : on assure la baisse des charges d'abord et ensuite on voit quelles économies on peut réaliser pour les financer.

Bref, le Medef et le gouvernement sont censés conclure une union mais, pour l'instant, on reste au stade des préliminaires…