Comment Ségolène Royal compte faire de la France la première puissance écologique d'Europe

Par latribune.fr  |   |  986  mots
Ségolène Royal a insisté sur un mot d'ordre : accélérer, afin que les Français ressentent le plus rapidement possible la mutation écologique et énergétique. (Photo : Reuters)
Lors de sa première conférence de presse en tant que ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, Ségolène Royal a dévoilé ce vendredi les chantiers prioritaires de son action au gouvernement.

Emploi, compétitivité, pouvoir d'achat et bien-être : Ségolène Royal veut être présente sur tous les fronts. A l'occasion de sa première conférence de presse, la ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie a énuméré les mesures qu'elles considère essentielles pour atteindre un objectif ambitieux : faire de la France la première puissance écologique d'Europe.

  • 100.000 emplois verts

La ministre de l'Ecologie veut créer 100.000 emplois en trois ans "grâce à (la) transition écologique et énergétique".

L'objectif n'est pas nouveau : il avait déjà été affiché en décembre 2012 lors d'un séminaire gouvernemental sur la transition écologique, qui avait envisagé ces emplois verts notamment dans les secteurs de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables. La ministre de l'Ecologie d'alors, Delphine Batho, avait alors estimé que il était "crédible".

Pour l'atteindre, Ségolène Royal entend notamment mobiliser les filières, sur des métiers comme l'isolation, les véhicules électriques ou les réseaux intelligents.

La loi sur la transition énergétique, qui doit fixer le cadre d'une France moins énergivore et moins dépendante du nucléaire pour sa production d'électricité, sera "achevée dans les prochaines semaines", a-t-elle rappelé. Un texte doit arriver en commission à l'Assemblée nationale en juillet.

Le deuxième appel d'offres français pour l'éolien en mer, qui concerne deux parcs au large du Tréport (Seine-Maritime) et des îles d'Yeu et Noirmoutier (Vendée), sera attribué "très certainement" la semaine prochaine. Deux consortiums menés d'une part par EDF et de l'autre par GDF Suez sont en concurrence.

  • Tarifs EDF négociés et logements rénovés

Ségolène Royal souhaite également agir pour le pouvoir d'achat des ménages.

La réflexion est "engagée" pour limiter la hausse des tarifs de l'électricité au cours "des trois ans qui viennent" via une réforme de la formule actuelle, a promis la ministre. Elle a ainsi confirmé son intention de combattre la hausse des tarifs de l'électricité, déjà affichée après une récente décision du Conseil d'Etat.

"J'y tiens tout particulièrement. Je considère que dans le contexte actuel, la hausse quasi automatique des factures d'électricité, c'est quelque chose de très brutal pour les Français", a plaidé Ségolène Royal. "Je veux atteindre cet objectif par des négociations", a-t-elle expliqué, mais aussi en "renforçant les économies d'énergies".

La ministre compte aussi accélérer le plan de rénovation énergétique logements. Elle a notamment évoqué un éventuel dispositif de "tiers financeur", où le capital nécessaire à des travaux est avancé par un organe financier avant d'être remboursé par le particulier grâce aux économies réalisées. Selon la ministre, "toute nouvelle construction devrait être à énergie positive", en commençant par "tous les bâtiments publics" comme les écoles.

  • Des propositions sur le dossier de l'écotaxe

"Dans les jours qui viennent", Ségolène Royal fera des propositions pour sortir de l'impasse sur le dossier de l'écotaxe, dont elle avait décrété la remise à plat dès son arrivée au ministère de l'Ecologie.

"L'objectif est d'avoir un système de financement juste et pérenne des infrastructures, qui soit en même temps compréhensible", a-t-elle précisé, sans toutefois préciser la nature de celui-ci.

Ségolène Royal, qui se dit opposée à une écologie fondée sur l'impôt et souhaite "remettre à plat" l'écotaxe, avait évoqué la semaine dernière l'instauration d'une vignette afin de faire payer les transporteurs étrangers à leur entrée en France. Elle envisage également d'obliger ceux-ci à emprunter les autoroutes et de prélever une partie du chiffre d'affaires ainsi généré.

  • Un ministère de l'Ecologie exemplaire

La ministre a prôné un ministère de l'Ecologie "exemplaire" en matière d'économies d'énergie et de lutte contre le gaspillage.

Elle n'a pas manqué de qualifier de campagne de "dénigrement" la polémique sur ses présumées instructions au personnel ministériel, soulevée par des révélations de l'hebdomadaire Le Point. Elle a assuré que les règles de fonctionnement du ministère n'avaient pas changé.

"La seule chose que j'ai changée, et je suis contente de l'avoir fait (...) j'ai demandé à mon ministère que nous soyons exemplaires sur les économies d'énergie et sur les économies de fonctionnement", a souligné la ministre. "Je tiendrai fermement mes objectifs même si ça déplait à certains de rentrer dans des logiques de lutte contre le gaspillage." 

  • Espaces verts sans pesticides

La ministre a annoncé la création d'un label national unique, afin d'accompagner les communes vers la suppression de l'utilisation des produits phytosanitaires dans les espaces verts, dans la lignée de la loi Labbé du 8 février 2014, qui fixe l'objectif d'interdire aux personnes publiques l'utilisation de pesticides pour l'entretien de forêts et de promenades à partir de janvier 2020.

L'attribution des premiers labels est prévue en juin 2014, en lien avec une association nationale et les régions. Dans un premier temps, les labels pourront être accordés par équivalence avec les chartes territoriales déjà existantes, si certaines conditions sont respectées, a précisé la ministre.

Dans la même perspective, une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens sera publiée "dans les prochains jours", avec huit substances chimiques dans le viseur. L'adoption des plans locaux visant à améliorer la qualité de l'air, dont 21 sont en suspens en France, sera avancée.

Sur tous ces dossiers, Ségolène Royal a insisté un mot d'ordre : accélérer, afin que "les Français ressentent le plus rapidement possible cette mutation" écologique et énergétique. Une conférence bancaire et financière sur le financement de la trasition énergétique se tiendra en juin.