Clara Gaymard, dirigeante de GE France, vue par la presse anglo-saxonne

Par Laszlo Perelstein  |   |  524  mots
La dirigeante française aurait mis Arnaud Montebourg au courant d'un accord potentiel avec Alstom dès le mois de février. (Photo : Reuters)
Clara Gaymard, présidente générale de la branche française de General Electric, dit n'avoir joué qu'un rôle modeste dans l'accord GE-Alstom. De quoi susciter l'intérêt de la presse anglo-saxonne pour cette femme brillante au parcours atypique.

Fille du généticien Jérôme Lejeune, qui a découvert le chromosome du syndrome de Down, mère de neuf enfants (dont un adopté) et auteure de trois livres, dont la nouvelle "S'il suffisait d'aimer", voilà un CV atypique pour la diplômée de Science-Po et de l'ENA qu'est Clara Gaymard. Un parcours qui ne manque pas d'intéresser la presse anglo-saxonne lorsqu'elle dresse le portrait de la PDG de General Electric France.

Si elle occupe ce poste depuis 2006, la femme de l'ancien ministre de l'Économie Hervé Gaymard (démissionnaire suite à un article du Canard Enchaîné révélant qu'il occupait un appartement de 600 m² aux frais de l'État) a été auparavant présidente de l'Agence française pour les investissements internationaux. Un endroit où elle a pu "faire le tour du monde, arguant à quel point les investissements étrangers sont bienvenus en France", écrit le Wall Street Journal. 

Minimisation de son rôle dans l'accord GE-Alstrom

Une fonction prédestinée au vue du récent accord entre GE et Alstom. Interrogée par Bloomberg, Clara Gaymard explique pourtant que ce sont surtout "Jeff Immelt et le chef de la branche fusion-acquisition qui ont conduit le projet". L'agence de presse américaine note au passage qu'elle "minimise son rôle dans l'accord ".

Cette modestie n'en est néanmoins pas pour tous. Bloomberg rapporte ainsi que les banquiers impliqués dans l'accord estiment son rôle "marginal". Une opinion partagée par Cyril Caritey, délégué syndical CGT chez GE Belfort, qui déclare à l'agence de presse que "le moins elle parle, le mieux c'est", expliquant qu'elle n'a "aucun pouvoir".

"Elle dit ce qui doit être dit"

Les compétences de Clara Gaymard sont toutefois reconnues par les gens avec qui elle a travaillé, notamment son efficacité puisqu'elle "dit ce qui doit être dit", estime Alexandre de Juniac, PDG du groupe Air France-KLM. Le ministre de l'Économie Arnaud Montebourg a ainsi "salué General Electric, qui a été correct" dans l'annonce du rachat des activités d'énergie d'Alstom. 

Et pour cause, la dirigeante française l'aurait mis au courant de l'intérêt "possible" de GE pour l'entreprise française dès le 11 février lors de la visite du président de la République François Hollande à Washington, rapportent Bloomberg et le Financial Times. Le quotidien financier britannique lui attribue même ces propos : "Je lui ai demandé si cela posait problème, et il a répondu que non."

"Excellente intermédiaire"

"Clara est une excellente intermédiaire puisqu'elle connaît bien le monde des finances, ainsi que les hauts fonctionnaires de l'administration et le monde politique français", reconnaît ainsi Laurence Parisot, ancienne dirigeante du Medef.

Lors d'une interview accordée en novembre 2008 au Financial Times, Clara Gaymard a détaillé les qualités dont elle estime avoir besoin pour son travail : l'écoute, le travail d'équipe et enfin "aimer les gens avec qui vous travaillez. […] Cela veut dire les aider à grandir". Un message caché sans doute destiné aux syndicats d'Alstom qui insistent sur la priorité de préserver l'emploi.