Quelles sont les régions qui ont le plus souffert de la crise de 2008 ?

Par Fabien Piliu  |   |  562  mots
En 2011, la région Pays de Loire et sa capitale Nantes avaient reconquis le terrain perdu depuis 2008. /Reuters (Crédits : Décideurs en région)
La crise de 2008 a accentué les écarts de croissance entre les régions selon l’Insee. La Bourgogne et le Limousin ont particulièrement souffert. La spécialisation industrielle n’explique pas tout.

Il y a eu un avant et un après crise de 2008. Dans le dernier numéro d'Insee Première  consacré aux croissances régionales, l'Institut distingue deux périodes. Avant et après 2008, année de la plus grave bancaire et financière depuis 1929 qui s'est ensuite propagée à l'économie réelle en 2009.

Avant cette date, l'Insee constate bien des écarts de croissance selon les régions mais ils pouvaient être relativisés. "De 1993 à 2007, les écarts de croissance entre régions sont modérés : en moyenne, les PIB régionaux augmentent en volume dans une fourchette allant de + 1,3 % par an en Picardie à + 2,8 % par an en Corse et en Languedoc-Roussillon", précise l'Insee. Et ensuite ? De 2008 à 2011, les rythmes d'évolution divergent plus fortement, certaines régions ne parvenant pas à sortir de la récession. Les taux de croissance s'échelonnent de - 1,2 % par an en Bourgogne à + 1,9 % par an en Corse.  "Parmi les régions métropolitaines, seule la Corse n'a pas subi de baisse de son PIB en 2008-2009", observe l'Insee.

Les régions de la façade atlantique sont sorties de la crise

Outre la Corse, quelles sont les régions les plus dynamiques qui ont retrouvé le chemin de la croissance depuis 2008 ? Il s'agit principalement des régions de la façade atlantique, c'est-à-dire Pays de la Loire, Aquitaine et Poitou-Charentes ainsi que l'Ile-de-France et Rhône-Alpes. En revanche, les régions qui ont progressé plus lentement jusqu'en 2007 et qui ne retrouvent pas leur niveau d'avant la crise en 2011 sont les régions très industrielles du quart nord-est telles que l'Alsace, la Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Lorraine, et Picardie et du centre, plus rural, comme l'Auvergne, le Centre, le Limousin.

L'Histoire n'explique pas tout

La spécialisation sectorielle n'explique pas à elle seule ces écarts de croissance, loin s'en faut. "Ils tiennent plutôt aux dynamiques propres à chacune d'elles comme la démographie : l'activité tend à se développer davantage dans les territoires où il faut répondre aux besoins d'une population croissante ", observe l'Insee qui met également en avant les apports migratoires qui, selon son étude, " tendent à être plus importants dans les régions où l'activité est la plus dynamique".

Parmi les facteurs qui expliquent ce dynamisme, l'Insee évoque la présence d'aménités (climat, cadre de vie…), certaines politiques publiques locales, ou encore des aides européennes, en particulier celles concernant l'aménagement du territoire (transports, infrastructures).

En 2011, le Limousin et la Bourgogne n'avaient pas reconquis le terrain perdu

A l'inverse, si les effets des restructurations industrielles ou des fermetures de sites ont certes joué un rôle, la perte de vitesse économique des régions du quart nord-est, du centre et de l'ouest du pays, tout particulièrement la Basse-Normandie, tient à des facteurs propres négatifs. En particulier, la croissance de leur population est plus lente que dans de nombreuses régions. "En effet, hormis en Alsace, les conditions démographiques freinent la croissance par une moindre demande aux acteurs économiques. Elles sont par ailleurs elles-mêmes affectées en retour par la plus faible activité ", constate l'Insee.

Résultat, certaines régions n'avaient pas retrouvé en 2011 le niveau de PIB en volume qu'elles avaient avant la récession de 2008. Le Limousin et la Bourgogne s'en sortent le moins bien, leurs PIB reculant respectivement de 1,1 % et 1,2 % en volume et en moyenne par an entre 2008 et 2011.