Croissance : pour le retournement, il faudra encore attendre

Par Fabien Piliu  |   |  616  mots
Un certain nombre d'indicateurs sont passés dans le rouge ces derniers mois
L’activité s’est contractée dans les services au mois de mai. Ce n’est pas le seul indicateur à virer dans le rouge ces dernières semaines.

Pour le gouvernement, le retournement, c'est maintenant ! Qu'en disent les statistiques et les enquêtes d'opinion ? Force est de constater que leurs avis tranchent avec les déclarations de l'exécutif. Selon la société Markit, l'indice PMI des directeurs d'achats dans les services est repassé sous la barre des 50 au mois de mai, pour atteindre 49,1.

Baisse des prix et hausse des coûts

Commentaire de Jack Kennedy, économiste chez Markit : " Le secteur des services français enregistre un résultat décevant en mai. L'Indice PMI se replie en effet en territoire négatif, indiquant ainsi la première contraction de l'activité depuis trois mois. Les nouvelles affaires reculent de nouveau, tendance fréquemment attribuée à une demande en berne et à laquelle les entreprises réagissent en réduisant de nouveau le niveau de leurs effectifs ", observe-t-il. Et de poursuivre. " Le climat fortement concurrentiel pousse en outre les prestataires de services français à intensifier les baisses de tarifs - ce malgré une accélération de la hausse de leurs coûts -, mesure synonyme de pressions sur les marges d'exploitation. Après la stagnation du PIB observée au premier trimestre 2014, l'économie française ne semble pas, pour l'heure, s'engager sur le chemin de la reprise au deuxième trimestre ", avance Jack Kennedy.

Beaucoup d'indicateurs dans le rouge

Cette dégradation de l'indice PMI n'est pas la seule mauvaise nouvelle enregistrée par l'économie tricolore. D'autres indicateurs macroéconomiques témoignent en effet d'un retard à l'allumage de la reprise. Entre février et mars, le chiffre d'affaires de l'industrie manufacturière a diminué. En mars, la production manufacturière a cédé 0,7%. En avril, la consommation des ménages a reculé de 0,3% entre mars et avril. Sur un an, elle affiche un repli de 0,5%. En mai, le climat des affaires dans l'industrie s'est dégradé et se maintient sous sa moyenne de longue période. Quant au moral des ménages, il était stable en mai, également très loin de sa moyenne de longue période.

La construction est-elle épargnée par la morosité de la conjoncture ? Selon le ministère du Logement, le nombre de logements autorisés a baissé de 2,6 % entre mars et mai par rapport aux trois mois précédents. Celui des logements mis en chantier baisse de 3,4 % sur les trois derniers mois.

Le nombre de demandeurs d'emplois continue de progresser

Compte tenu de la nature de ces statistiques, la nouvelle augmentation du nombre de demandeurs d'emplois en avril fut tout sauf sur une surprise. Au cours de ce mois, 14.800 chômeurs supplémentaires se sont inscrits en catégorie "A," soit  une progression de 0,4% sur un mois et de 3,5 % sur un an. Au total, donc, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie "A" atteint maintenant  un sommet de 3.364.100 en France métropolitaine.

L'objectif de croissance du gouvernement est-il menacé ?

Cette dégradation des indicateurs est-elle de nature à compromettre l'objectif du de croissance gouvernement qui table sur une croissance annuelle de 1% ? Il est encore trop tôt pour le dire. Il ne faudrait pas que les cours des matières, et particulièrement du brut s'envolent ou que l'euro s'apprécie brutalement face au dollar. Si tel devait être le cas, c'est l'ensemble des économies de la zone euro qui en pâtiraient et tout particulièrement la France. Pour quelles raisons ? Près de 60% des exportations tricolores se concentrent dans la zone euro. Donc, si la zone euro va mal, la France va mal. Selon Markit, la croissance de l'activité du secteur privé de la zone euro a ralenti en mai et les entreprises ont baissé leurs prix pour le 26ème mois consécutif…