Emmanuel Macron, un anti Montebourg à Bercy

Par Ivan Best  |   |  524  mots
L'ex secrétaire général de l'Elysée remplace Arnaud Montebourg au ministère de l'Economie. La nomination de cet ancien haut fonctionnaire du Trésor, ex banquier d'affaires, constitue une preuve éclatante de la clarification de ligne opérée

 Toute cette journée de mardi, la rumeur a couru que Michel Sapin allait se retrouver seul maître à bord, à Bercy. Ce n'est finalement pas le cas. L'Elysée a annoncé la nomination d'un remplaçant d'Arnaud Montebourg, en la personne d'Emmanuel Macron, ex secrétaire général adjoint de l'Elysée.

Fini l'affichage de deux lignes sur l'économie : celle officielle, de François Hollande et Manuel Valls, défendue bien sûr par le ministre des Finances Michel Sapin, ami de longue date de François Hollande, et celle, moins orthodoxe, d'Arnaud Montebourg, partisan d'une autre approche macro-économique, surtout d'une stratégie beaucoup plus offensive face à l'Allemagne.

Bien évidemment, Emmanuel Macron défendra, lui aussi, la ligne officielle, qu'il a contribué à forger en conseillant François Hollande sur tous les sujets économiques. La clarification est donc totale. C'est vraiment l'anti Montebourg, incarnant  la direction du Trésor, haïe par l'ex ministre de l'Économie, fraîchement débarqué, qui s'installe à Bercy. Macron, au style policé, loin des provocations parfois juvéniles d'un Montebourg, a toujours défendu une politique libérale et la rigueur, se montrant partisan d'une accélération de la baisse des dépenses publiques. A même pas 37 ans, cet ex étudiant en philosophie, qui fut assistant du philosophe Paul Ricoeur,  devient donc l'un des plus jeunes ministres de l'Économie, après avoir été secrétaire général de l'Elysée de mai 2012 à juin 2014. Il était parti sur un désaccord avec Manuel Valls, mais le premier ministre et le chef de l'Etat étaient restés en contact. Surtout, Valls tenait à le nommer à Bercy, alors que François Hollande aurait volontiers laissé Michel Sapin seul maître à bord.

Macron avait été rapporteur de la mission de Jacques Attali pour la "libération de la croissance", en 2007, avant de devenir banquier d'affaires chez Rotschild, de 2008 à 2012. Jacques Attali s'est félicité de cette nomination.

Sapin conserve son poste

Sur le sujet crucial de la politique européenne, des négociations avec nos partenaires de la zone euro, le ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, n'avait pas voix au chapitre, et Emmanuel Macron n'aura, en théorie,  pas plus d'influence. C'était Michel Sapin qui se rendait régulièrement à Bruxelles. Rien ne change, de ce point de vue. Quant aux sujets portés par Arnaud Montebourg, comme la remise en cause des professions réglementées, il s'agit là d'un dossier ouvert dès le début de la législature : le rapport de l'Inspection des Finances date, qui a largement fuité, et sur lequel se base le gouvernement, date du printemps 2013. Montebourg n'a donc fait que porter un dossier parfaitement identifié.

On ne doute pas qu'Emmanuel Macron conduira la même politique de réformes structurelles, il avait d'ailleurs mis en avant le dossier des professions réglementées dans le cadre de la commission Attali. Mais les négociations avec les lobbies des professions réglementées s'annoncent ardues..