Bygmalion : un ex-responsable, mis en examen, confirme que les comptes de campagne de Sarkozy ont été maquillés

Par latribune.fr  |   |  654  mots
Le contrôle judiciaire de Guy Alvès lui interdit désormais de rencontrer Nicolas Sarkozy et l'ancien patron de l'UMP, Jean-François Copé, dont il était proche.
Guy Alvès "a fait le choix de dire la vérité", sans pour autant changer "la position qui était la sienne", a déclaré son avocat. L'autre co-fondateur de Bygmalion, Bastien Millot, a lui aussi été mis en examen.

"Abus de confiance, faux et usage de faux et complicité d'escroquerie". C'est sur le fondement de ces accusations que Guy Alvès, l'un des cofondateurs de Bygmalion, a été mis en examen mercredi 1er octobre, dans le cadre de l'information judiciaire en cours sur un système présumé de fausses factures durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012.

Présenté aux juges dans la matinée, après avoir été interpellé lundi matin à son domicile et placé en garde à vue, l'ex-dirigeant de Bygmalion a "confirmé devant les enquêteurs et devant le magistrat instructeur qu'il y a eu un dispositif qui a été mis en place aux termes duquel l'UMP prenait en charge de façon irrégulière des frais de campagne de Nicolas Sarkozy" lors de la présidentielle de 2012, a annoncé son avocat, Me Patrick Maisonneuve, après la mise en examen de Guy Alvès.

Pas de surprise

"C'est sans surprise, c'est une situation que nous connaissions (...). Il a fait le choix de dire la vérité", a observé Me Patrick Maisonneuve sur BFM TV. "M. Alvès n'a pas changé la position qui était la sienne", a-t-il ajouté.

Le contrôle judiciaire de Guy Alvès lui interdit désormais de rencontrer Nicolas Sarkozy et l'ancien patron de l'UMP, Jean-François Copé, dont il était proche.

L'autre co-fondateur de Bygmalion, Bastien Millot, a lui aussi été mis en examen un peu plus tard dans la journée, pour complicité de faux et d'usage de faux, a annoncé son avocate, Me Florence Rault.

Une information judiciaire ouverte en juillet

Le parquet de Paris a ouvert en juillet une information judiciaire sur un système présumé de fausses factures instauré en 2012 par l'UMP et des proches de Nicolas Sarkozy. Il aurait permis d'extraire des dépenses des comptes de campagne dans le but de dissimuler le dépassement autorisé du plafond, fixé à 22,5 millions d'euros.

Event and Cie, filiale événementielle de Bygmalion, aurait notamment facturé de nombreuses dépenses à l'UMP et non à la campagne Sarkozy, via de fausses conventions du parti. Selon une évaluation figurant au dossier, quelque 18,5 millions d'euros auraient ainsi été éludés, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

L'un des objectifs des enquêteurs est de déterminer jusqu'où était-on informé au sein de l'UMP et de l'équipe de campagne d'une telle fraude et si les premiers rôles, tels que Jean-François Copé qui dirigeait le parti, et Nicolas Sarkozy lui-même, pouvaient l'ignorer.

Deux autres responsables de Bygmalion devant les juges

L'ex-patron d'Event and Cie, Franck Attal, devait également être présenté mercredi aux juges en vue de son éventuelle mise en examen, après avoir été entendu par des policiers de l'Office central de lutte contre la corruption, à Nanterre (Hauts-de-Seine).

La garde à vue d'un quatrième protagoniste présumé, l'ex-comptable de Bygmalion Matthieu Fay, a été levée mardi soir. Le quotidien Le Monde a rapporté la semaine dernière que celui-ci avait avoué aux enquêteurs, en juin, qu'il avait bien été la cheville ouvrière du système de fausses factures.

>>L'ex-comptable de Bygmalion évoque les "fausses factures" commandées par l'UMP

Une demande "faite par Lavrilleux au nom de l'UMP"

Guy Alvès "a été informé par le directeur d'Event, M. Attal, que la demande (de fraudes) avait été faite par (Jérôme) Lavrilleux au nom de l'UMP", a affirmé mercredi Me Maisonneuve.

Pour sa part, Bastien Millot a pour sa part toujours nié avoir eu connaissance d'un système de fausses factures.

Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy et bras droit de Jean-François Copé, a toujours dit que ce dernier et Jean-François Copé n'avaient pas été informés de la mise en place d'un tel système de fausses factures.

>>Affaire Bygmalion: l'UMP confirme la suspension de Jérôme Lavrilleux