"Taxe rose" : Bercy se charge de vérifier si les prix ont un genre

Par Marina Torre  |   |  363  mots
A l'appui de son argumentaire, Georgette Sand exhibe par exemple des rasoirs jetables.
Afin d'en vérifier l'étendue, l'écart de prix constaté par le collectif Georgette Sand entre certains produits "destinés" aux femmes et ceux plutôt conçus pour des hommes, ou neutres, sera évalué par un service du ministère de l'Economie.

Réel ou pas, le phénomène a désormais un nom français: "taxe rose". Traduction approximative de la "woman tax", cet écart de prix supposé entre des produits conçus pour les femmes et ceux pour les hommes est dénoncé depuis plusieurs années outre-Atlantique. Afin d'en affirmer ou d'en infirmer l'existence, le ministère de l'Economie a lancé ce lundi 3 novembre une enquête étendue fondée sur des relevés de prix.

Un rapport mené par la DGCCRF, compétent pour ces sujets précise-t-on au cabinet d'Emmanuel Macron, devra permettre d'éclaircir la situation. Pour l'instant celle-ci est constatée de façon empirique en France par le tout jeune collectif féministe Georgette Sand et que nous exposions dans un article mis en ligne samedi 1er novembre.

>> Consommer, est-ce plus cher au rayon "femmes" ?

Des embouts différents sur les tubes de gel

Depuis vendredi, un millier de personnes supplémentaires (soit près de 20.000 en tout désormais) ont signé sur le site change.org la pétition visant à demander à Monoprix d'égaliser les prix au rayon "homme" et au rayon "femme" pour des produits identiques ou quasi-identiques.

C'est d'ailleurs en pointant de légères différences, comme par exemple des embouts dissemblables selon les modèles pour des tubes de gel à raser, que l'enseigne réfute toute pratique indue. Elle assure en outre que, si des rasoirs vendus dans les rayons masculins sont moins chers, c'est parce qu'ils sont davantage vendus que les autres. En outre, à l'inverse, certains prix sont plus élevés côté hommes.

D'un ministère à l'autre

Monoprix n'était pas le seul visé par cette dénonciation. D'autres distributeurs, enseignes et marques - Auchan, Casino, mais aussi Nature et découvertes ou Nivéa - sont également pointés du doigt pour des pratiques de segmentation marketing "genrée". La secrétaire d'Etat au Droit des Femmes, Pascale Boistard avait promis de se pencher sur la question. Ce sera donc chose faite, mais à Bercy plutôt qu'au ministère des Affaires sociales et de la Santé, dont elle dépend.

(article créé à 14h20, mis à jour à 16h29)