Lepaon (CGT) profite de "l'affaire" de son appartement pour tenter de faire taire son opposition interne

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  710  mots
Thierry Le paon (CGT) profite de"l'affaire" de son appartement pour tenter de mesuseler son opposition interne.
Thierry Lepaon, numéro un de la CGT, a réfuté les affirmations du Canard enchainé sur le coût des travaux et la taille de son appartement de fonction à Vincennes. Il entend aussi affirmer son autorité sur la centrale syndicale et faire taire son opposition.

Pour Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, l'heure de la contre-offensive a sonné. A l'ouverture du Comité central national (CCN) du syndicat - le « Parlement » de la centrale syndicale, qui réunit pour deux jours les numéros uns des fédérations et des unions départementales de la confédération -, il a tenu non seulement à s'expliquer sur « l'affaire » de son appartement de fonction, révélée la semaine dernière par Le Canard enchaîné, mais aussi à asseoir son autorité - contestée - sur la centrale syndicale en exigeant que cesse les critiques internes.

Selon l'hebdomadaire satirique, la CGT aurait fait exécuter pour 130.000 euros de travaux dans un appartement de 120 m2 loué à Vincennes pour loger le secrétaire général originaire de Normandie (Cabourg).

Un appartement de 79 m2 et non 120 m2

Thierry Lepaon s'est justifié sur plusieurs plans. D'abord, il a déclaré avoir "appris par la presse le devis et le montant des travaux réalisés". Il a cité le chiffre de 105.000 euros et non pas 130.000 comme l'avait affirmé Le Canard enchaîné. Il a aussi précisé que son appartement faisait 79 mètres carrés et non pas 120, comme l'avançait l'hebdomadaire.

Le numéro un de la CGT estime ensuite que cette affaire "révèle des failles majeures dans le fonctionnement interne de prise de décisions, une faille qu'il faut absolument corriger", soulignant que "les arbitrages et la décision finale n'ont été ni débattus, ni validés par une instance". Ce type de décision relevait "jusqu'à présent d'une seule personne, non tenue d'en référer a priori à nos instances", a-t-il dit dans une allusion au trésorier Eric Lafont qui a signé le devis.

Pour corriger le tir, le secrétaire général a assuré qu'il allait soumettre dès la semaine prochaine au bureau (exécutif) le recrutement d'un directeur administratif et financier qui "rendra compte de son activité, conjointement à l'administrateur de la CGT", (Eric Lafont), "et au Bureau confédéral".

Par ailleurs, Thierry Lepaon justifie le choix de Vincennes par sa proximité avec le siège de la CGT à Montreuil et "la discrétion, le calme et la sécurité" et "un certain degré d'urgence", rappelant avoir logé plusieurs mois à l'hôtel.

Selon lui, "depuis Grenoble, Caen ou Lille, Vincennes, n'a pas de connotation particulière", a-t-il expliqué pour justifier le choix de ce quartier résidentiel.

Museler l'opposition interne

Mais le secrétaire général contesté en interne ne s'est pas arrêté à cette « affaire ». Au contraire, il a profité du contexte pour tenter de reprendre en main la confédération. « Je considère que nous avons un problème de fonctionnement du Bureau confédéral" [exécutif resserré de dix membres, Ndlr] "qui handicape notre capacité collective. La qualité des personnes n'est pas en cause, mais l'engagement au sein même du Bureau confédéral pose problème" et "cela pourrait nous conduire à ne plus travailler collectivement et donc à ne plus être la CGT", a-t-il prévenu.

Pour s'assurer du soutien sans faille de l'exécutif de la centrale syndicale, Thierry Lepaon a décidé de "recevoir individuellement chaque membre du Bureau confédéral" pour s'assurer "de leur engagement et adhésion à l'esprit d'équipe". "Si nécessaire, je reviendrai vers le CCN",  a averti le numéro un, qui entend renforcer le bureau avec deux membres supplémentaires.

Menaçant, il a expliqué que, selon lui, le délateur qui a adressé à la presse un devis des travaux est "responsable des conséquences de ses actes".

Thierry Lepaon a donc voulu montrer une certaine sévérité. Loin de se laisser intimider par ce qu'il considère comme une véritable campagne de déstabilisation organisée contre lui, il a, au contraire, voulu affirmer son autorité... Et ce, le jour même ou la énième journée d'action organisée par la CGT à la SNCF et à la RATP se solde par un nouvel échec. Il n'est pas certain que cela permette de calmer les esprits au sein de la confédération qui a toujours autant de mal à dégager une ligne claire.