Quels résultats pour les Pôles de compétitivité ?

Par Fabien Piliu  |   |  676  mots
Labellisé en Juillet 2005, le pôle de compétitivité mondial MINALOGIC accompagne les porteurs d’innovation, petits et grands, dans leurs projet.spécialisés dans les systèmes miniaturisés intelligents
Après une levée de boucliers des pôles de compétitivité, Bercy a décidé de lisser dans le temps la diminution progressive des crédits d’animation accordés par l’État. Cette décision intervient au moment où l’action des pôles de compétitivité commence à produire ses premiers résultats.

Le 16 octobre, la Direction générale des entreprises (DGE), dépendante de Bercy, expliquait dans une missive adressé aux responsables des 71 pôles de compétitivité que leurs crédits d'animation versés par l'État seraient réduits de 30% en moyenne en 2015.

Cette réduction devait osciller entre 10% pour les pôles à vocation mondiale et 50% pour les pôles à dimension régionale. En coupant les vivres des structures et des équipes qui animent les pôles et qui définissent leur pilotage stratégique, Bercy prenait le risque de les faire péricliter. Pour quelle économie ? Six millions d'euros...

Bercy fait marche arrière

Face à la levée de bouclier des responsables des pôles, Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie, a fait en partie marche arrière. Ces crédits ne seront abaissés que de 15% en 2015 avant d'être à nouveau diminué, dans les mêmes proportions en 2016. Les Régions disposent donc d'un délai supplémentaire pour imaginer de quelle façon elles compenseront le retrait progressif de l'État. La région Rhône-Alpes a notamment décidé de prendre à sa charge la baisse des crédits d'animation versés par l'État en 2015 aux 12 pôles de compétitivité présents sur son territoire.

Pour les pôles, cette année supplémentaire leur permet de réfléchir plus profondément à la multiplication des sources de revenus potentielles, notamment la commercialisation de prestations et de services jusqu'ici gratuits.

Isabelle Guillaume, la déléguée générale du pôle de compétitivité rhône-alpin, Minalogic, spécialisé dans le numérique, de la nanoélectronique au logiciel raconte :

"Ce transfert de l'État vers les Régions n'est pas un non-sens, mais il doit être progressif. La décision prise par Bercy d'étaler dans le temps le retrait de l'État est une bonne décision. Les Régions ont toute légitimité pour piloter le financement des équipes d'animation. Par ailleurs, demander aux pôles de faire la preuve de la robustesse de leur modèle économique est logique"

Une robustesse d'autant plus souhaitable que la phase 3 des pôles de compétitivité a été lancée en janvier 2013, phase dont l'ambition est d'orienter l'activité dans les pôles "vers les débouchés économiques à l'emploi ", comme le précise Bercy. En clair, depuis près de deux ans, il est demandé aux pôles de ne plus être seulement des lieux où l'on pense, où l'on échange mais des écosystèmes productifs et rentables !

Un rapport de un à dix entre l'investissement et le chiffre d'affaires attendu !

Au sein du pôle Minalogic, on commence à avoir une idée assez précise des retombées attendues des investissements réalisés au cours des dernières années. Injectés aux deux tiers par le secteur privé, les 300 millions d'euros engagés depuis 2008 dans 46 projets collaboratifs entre des PME, des grands groupes et des laboratoires de recherche devraient faire des petits. Le pôle espère que cette somme se traduira par un chiffre d'affaires de plus 3,5 milliards d'euros d'ici 8 à 10 ans, sachant que le chiffre d'affaires dégagé par la vente de prototypes, de produits et services imaginés dans le cadre de ces projets dépasse déjà la centaine de millions d'euros. Exemple, le chiffre d'affaires de la solution Idevicecloud, un outil de supervision industrielle en cloud privé, fruit de la collaboration entre ATOS, un grand groupe et AIM et ATIM, deux PME, devrait dépasser les 100.000 euros en 2014.

D'autres produits sont également en passe d'être mis sur le marché. C'est notamment le cas des systèmes miniaturisés d'analyse de mélange gazeux pour des applications industrielles, environnementales, médicales et de sécurité fabriqués par l'entreprise APIX. Leur commercialisation est prévue pour le premier trimestre 2015. De son côté, Vesta-System a annoncé que sa solution VestaEnergy, qui permet d'optimiser la gestion énergétique des bâtiments a été choisie par le premier quartier de Lyon Confluence 2.