45% de l'épargne investie hors de France... faut-il réformer le PEA-PME ?

Par Fabien Piliu  |   |  554  mots
Selon une étude, 45% des montants placés sur des PEA PME financent des entreprises européennes
Ce dispositif devait faciliter le financement des PME par l'épargne des Français. Pour l'instant, le succès est loin d'être au rendez-vous. D'une part, la collecte est faible. D'autre part, les entreprises françaises sont loin d'en être les principales bénéficiaires.

Un flop ? En décidant de flécher une partie de l'épargne des ménages vers les PME, Pierre Moscovici, l'ancien ministre de l'Economie, pensait avoir trouvé LA solution pour augmenter les fonds propres des entreprises et fluidifier le financement des entreprises.

Or, le retard à l'allumage de cet outil, qui permet d'investir 75.000 euros maximum dans des actions de PME et d'ETI (jusqu'à 5.000 salariés, 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires ou 2 milliards de total de bilan) ou dans des fonds communs de placement, à condition qu'eux-mêmes soient investis au minimum à 75 % dans des PME et ETI, est indéniable.

" Le PEA PME est trop complexe et trop étroit pour avoir un véritable effet sur le financement de nos entreprises. Il est urgent de le réformer ", a déclaré Grégoire Sentilhes, le président de Citizen Entrepreneurs, du G20 EA et de Nextstage lors de la 7ème conférence annuelle des entrepreneurs organisée ce lundi à Bercy.

Une collecte très faible

Certes, l'objectif de 80.000 comptes ouverts a été atteint mais les sommes déposés sont plus faibles qu'attendues. Depuis le décret du 4 mars 2014 qui a officialisé le lancement du dispositif, la collecte nette sur les fonds éligibles au PEA-PME ne s'élève qu'à 210 millions d'euros selon le courtier Arkeon Finance. Pour mémoire, Bercy visait une collecte de 750 millions d'euros à 1,5 milliard d'euros dès la première année. Un calcul rapide permet donc d'estimer à moins de 3.000 euros le placement moyen sur ce compte-titre, très loin du plafond fixé à 75.000 euros.

La difficulté de Bercy à élaborer ce dispositif peut l'expliquer en partie. Le flou sur l'éligibilité des entreprises a probablement entretenu le doute. Pourtant, sa création n'avait-elle pas été annoncée le 29 avril 2013 par François Hollande, le président de la République ?

Quand les Bourses sont en berne

Le repli des marchés boursiers explique également le peu d'allant des épargnants. Depuis le mois de mars, le CAC PME, l'indice des quarante valeurs éligibles au PEA-PME a cédé plus de 12,% soit 5 points de plus que le CAC 40. Selon Arkeon Finance, les fonds PEA-PME ont dégagé une performance moyenne de -9,8% sur la période et de -4,2% pour les fonds les plus performants. Dans ce contexte, attirer les investisseurs sur le segment PME relève de l'exploit, d'autant plus que les analystes ne se précipitent pas pour suivre les titres éligibles.

Or, toutes les PME n'ont pas la volonté, ou les moyens financiers de s'introduire en Bourse. En moyenne, une introduction en Bourse coûte entre 5 et 10 % du montant levé et environ 80.000 euros par an pour satisfaire aux contraintes comptables et d'information financière.

Les entreprises européennes peuvent remercier Bercy

Autre défaut majeur, les sommes placées ne profitent pas seulement aux PME françaises. Selon une étude réalisée cet été par Arkeon Finance, près de 45 % des capitaux collectés par les Sicav ont en réalité été investis hors de l'Hexagone. Environ 4.000 sociétés cotées sont éligibles au PEA PME, dont 500 environ en France, 700 en Allemagne et un millier en Grande-Bretagne.

Alors que le gouvernement espérait une démonstration de patriotisme des gérants français, ceux-ci se sont montrés pragmatiques, déterminés à offrir les rendements les plus rentables à leurs clients.