Emmanuel Macron veut en finir avec les retraites chapeau

Par Nabil Bourassi  |   |  537  mots
Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a annoncé aux députés son projet d'interdire les retraites chapeau.
Le gouvernement est acculé à réagir sur les retraites chapeau alors que les affaires Mestrallet et Lombard lui ont donné le rôle de complice. Le code de bonne conduite pris à l'initiative du patronat n'aura pas convaincu...

Emmanuel Macron envoie un boulet de canon contre les grands patrons! C'est en tout cas le message que le ministre de l'Economie veut faire passer en annonçant son intention d'interdire les retraites chapeau. Ces systèmes de retraites pour PDG  (et cadres dirigeants)déchus ou en âge de se retirer de la vie professionnelle ont choqué l'opinion publique par les montants astronomiques qu'ils ont pu atteindre. Indécent, en ces temps de disettes économiques et de chômage de masse.

"J'ai demandé avec (le ministre des Finances) Michel Sapin qu'une mission de l'Inspection générale des finances soit faite pour que (...) nous puissions trouver une vraie solution pour supprimer les retraites chapeau et les remplacer par un régime de droit commun plus lisible pour tous les Français", a dit Emmanuel Macron devant les députés ce mardi 18 novembre.

L'affaire de trop?

Cette sortie du ministre devant les députés intervient au lendemain d'une plainte de la CFE-CGC contre Didier Lombard. Le syndicat reproche à l'ancien PDG de France Telecom de s'être octroyé un plan de retraite "illégitime voire illégal" d'un montant de 346.715 euros par an "en sus de nombreux autres émoluments".

Pour le gouvernement, c'en est trop. Car à France Telecom comme à GDF Suez, l'Etat est un des actionnaires de référence et passe donc pour le complice des patrons. Le mois dernier, en effet, l'affaire de la retraite chapeau de Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, avait "choqué" l'opinion publique et Emmanuel Macron qui a parlé d'une retraite "hors de l'entendement". Malgré cela, l'Etat a voté cette clause contractuelle et ce, malgré les 36% du capital qu'il détient. La pilule n'est toujours pas passée.

La tentative de moralisation des bonnes pratiques

L'interdiction des retraites chapeau serait surtout un revers pour le patronat qui a tenté de moraliser les bonnes pratiques dans ce domaine. Le code Afep-Medef prévoit ainsi que le montant de la retraite ne doit pas dépasser 45% de la rémunération de référence. Or dans le cas de Gérard Mestrallet, celle-ci était de 28%.

Depuis, c'est la débandade dans les rangs du patronat. Stéphane Richard, PDG d'Orange a été le premier à dégainer, une semaine avant que n'éclate l'affaire Didier Lombard. "Chaque fois qu'une affaire de retraite chapeau sort, il y a beaucoup d'émotion dans l'opinion et on peut le comprendre. Je pense qu'il y a un effet consistant à perpétuer une forme d'inégalité ou de désavantage qui est quand même très très difficile à admettre", a-t-il déclaré le 12 novembre dernier sur RTL. La suppression de ce dispositif serait, selon lui, "une voie assez saine et assez pragmatique".

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Louis Schweitzer, ancien patron de Renault, et commissaire général à l'investissement, lui a emboité le pas, le 17 novembre sur Radio Classique : "on a mis en place des mesures fiscales qui font que cet avantage a beaucoup diminué, 70% part aux impôts, le système va peu à peu s'étioler."

Le patronat a voulu sauver son système de retraite bonifié, il doit aujourd'hui manger son chapeau...