Mais à quoi elle sert, en fait, la Métropole ?

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  572  mots
Dans leur grande majorité, les sondés confondent la création de la Métropole et celle du Grand Paris Express.
La Métropole du Grand Paris sera forcément « utile », estiment 6 Parisiens et Grand Parisiens sur 10. Mais, en fait, selon une enquête IFOP, personne n’a encore compris qu’elle ne s’occuperait pas forcément des sujets qui préoccupent les citoyens.

Les franciliens ont tous « entendu parler » de la Métropole du Grand Paris. Mais ils n'ont vraiment aucune idée de sa date de naissance, du mode de désignation de son président, de ce qu'elle va faire. Et, lorsqu'on leur demande à quoi devrait servir cette Métropole, ils souhaitent ultra majoritairement qu'elle s'occupe des transports. Pile poil le dossier où la Métropole n'aura aucune compétence puisqu'elle relèvera exclusivement des prérogatives du conseil régional d'Ile de France. C'est le principal enseignement de l'étude de l'IFOP pour la Mission de préfiguration de la Métropole du Grand Paris que dirige le préfet François Lucas : un énorme travail d'explication et de communication envers  les Parisiens et Grand Parisiens est nécessaire pour que tout cela ne débouche pas sur un malentendu.

Le côté positif de l'enquête est que les sondés aiment bien cette idée de Métropole, spécialement ceux qui appartiennent aux 4 départements concernés (Paris, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Hauts-de-Seine), ceux des quatre départements non concernés de l'Ile-de-France (Essonne, Val-d'Oise, Yvelines, Seine-et-Marne) se désintéressant un peu du sujet. Pour 63% des concernés, la Métropole sera «utile». Le pourcentage est d'ailleurs sensiblement le même à Paris qu'ailleurs, ce qui tendrait à prouver que nul, dans les territoires les plus riches, ne se sent potentiellement spolié par cette création.

Les priorités voulues par les citoyens ne seront pas celles de la Métropole

Le négatif ? Ce n'est pas tant que seul un sondé sur dix soit capable de citer 2016 comme date de naissance, ou qu'un quart seulement connaisse le mode d'élection du futur président, mais que les compétences que les citoyens souhaitent voir données à la Métropole sont  précisément celles qu'elle n'aura pas.

La priorité des priorités est, pour 52% des sondés, que la Métropole s'occupe de l'amélioration des conditions de transport, ce qu'elle ne fera pas. Une des explications de ce résultat est certainement que les sondés confondent majoritairement la création de la Métropole et celle du Grand Paris Express. La seconde priorité, pour 42% d'entre eux, est qu'elle serve à améliorer la gestion de l'argent public, ce qui ne devrait pas arriver avant quelques longues années et, surtout, qui n'est pas le plus évident à faire. En revanche la construction de nouveaux logements qui est, elle, depuis le début au cœur de la création de la Métropole, ne semble essentielle qu'à 23% des sondés, ce qui peut sembler très très peu au vu de la pénurie francilienne de logements.

On peut aller plus loin et voir que l'accroissement de la compétitivité des entreprises n'est une priorité que pour 1% des sondés. C'est clairement ridicule. Si la question avait été posée sur le développement économique de la Métropole, le résultat aurait peut-être été plus positif. Mais de toute façon, le hiatus est là : la Métropole a été conçue pour redonner à la région capitale la croissance économique qu'elle n'a plus, pour la doter d'une organisation qui puisse lui permettre de ne pas se laisser distancer dans l'affrontement des villes-mondes.  Mais comme cela n'a jamais été clairement affirmé et toujours sous-entendu, le résultat est là : personne n'a vraiment compris à quoi servait la chose.