Paris : la Ville lumière, métropole éclairée !

Paris éclairée, Paris connectée, Paris libérée ! La vision de la smart city qu'a la capitale privilégie l'intelligence des gens sur celle des systèmes numériques. Une vision très innovante. D'ici à 2020, la vie des Parisiens pourrait en être profondément changée.
À Paris, la société Streetlight (pépite parisienne rachetée en juin par le géant californien Silver Spring Networks) mesure en permanence l'énergie sur l'ensemble des armoires électriques de l'éclairage public, un parc de 200.000 points lumineux.
À Paris, la société Streetlight (pépite parisienne rachetée en juin par le géant californien Silver Spring Networks) mesure en permanence l'énergie sur l'ensemble des armoires électriques de l'éclairage public, un parc de 200.000 points lumineux. (Crédits : Reuters)

Paris n'est pas une ville comme une autre. Elle n'est donc pas une smart city comme les autres. Pas le choix ! Paris est une capitale où la répartition des pouvoirs et des prérogatives n'est pas forcément en faveur de la mairie. Paris est la ville la plus touristique du monde où tout est protégé, surveillé et codifié. Paris s'inscrit dans une métropole du Grand Paris qui maîtrise encore mal ses stratégies de transports... tout oblige Paris à être deux fois plus smart, deux fois plus agile intellectuellement. Et à communiquer deux fois plus.

Car si Paris est une ville qui réfléchit énormément et innove beaucoup comme ville intelligente, cela se sait peu. Bien sûr, il y a le spectaculaire : Velib' et Autolib' rapportent de l'argent à la ville, facilitent la vie urbaine et s'exportent dans le monde entier. Mais surtout, derrière le spectaculaire, il faut voir que ces deux innovations vont s'intégrer à terme, cela se voit moins, dans la stratégie de réseaux intelligents de la ville, celle du mobilier urbain intelligent et du lissage de la consommation d'électricité.

La manière dont Paris a procédé avec la société Streetlight.vision « éclaire » mieux encore cette stratégie de réseaux intelligents : Streetlight, créée en 2005, développe des technologies permettant de piloter tous les équipements électriques urbains et réaliser des économies d'énergie. À Paris, elle mesure en permanence l'énergie sur l'ensemble des armoires électriques de l'éclairage public, un parc de 200.000 points lumineux. Le premier effet est doublement positif : Paris économise dans sa gestion et Streetlight.vision, avec la notoriété acquise dans la ville lumière, rafle des contrats ailleurs (plus de 450 grandes villes pour l'instant, d'Oslo à Singapour). Deuxième effet positif : le géant californien Silver Spring Networks a repris la pépite parisienne en juin. Du coup Silver Spring a installé sa R & D européenne à Paris et Streetlight va pouvoir changer de braquet, et tout cela crée de l'emploi au coeur de Paris.

Une stratégie privilégiant la vie citoyenne

Troisième effet positif, plus technique : le dispositif Streetlight va permettre d'installer un système de communication haut débit au sein de la ville pour faire remonter les informations. Une première en Europe. L'idée est de se servir de l'éclairage public pour les spots Wi-Fi, pour les capteurs environnementaux et de trafic, la géolocalisation des places de stationnement disponibles et bien évidemment pour la gestion de l'éclairage public en fonction des risques. Bénéfice pour le citoyen : personne ne marchera plus de cinq minutes pour trouver une connexion wi-fi publique. Ce réseau sans fil sera à terme couplé avec la fibre optique municipale : elle va relier les écoles, mairies, les collèges et même les compteurs d'eau. Cette stratégie de réseaux intelligents est donc fondée sur un travail privé public et sur des sujets citoyens et va constituer l'épine dorsale de la Paris intelligente. C'est la voie choisie, plus politique, plus axée sur la vie citoyenne. Paris développe une grande aversion pour la version purement « technologisante » de la smart city et cela commence à se voir dans les réalisations.

Le chauffage numérique en sera un autre exemple. Depuis janvier une centaine de logements sociaux parisiens sont chauffés par des ordinateurs, par des serveurs informatiques. Ce concept ultra-innovant émane de Qarnot Computing, une société que la ville et la région ont « cocooné » depuis 2010. Quatre ans de réflexion et d'innovation avant que la maire de Paris envisage de généraliser la technologie dans les logements sociaux de la ville, d'ici à 2020. Les économies réalisées avec le chauffage qui va, de fait, devenir quasiment gratuit, financeront les investissements nécessaires.

On retrouve cette démarche dans l'aménagement de l'entrepôt Mac Donald qui, depuis 2012, fait l'objet d'une reconversion unique. Plutôt que de le détruire, ce qui fut le plus grand entrepôt de Paris (165.000 m2 sur 617 m de long, presqu'autant que l'île Saint-Louis), il sera le bâtiment exemplaire d'un projet de reconquête urbaine, une sorte de « ville horizontale » : logements, école, crèche, bureaux, hôtel d'entreprises, incubateurs, commerces, gymnase, équipements sportifs et 1700 logements à la clé.

Une plateforme participative dès 2015

C'est aussi la logique du grand concours mondial de création urbaine que vient de lancer Anne Hidalgo sur certaines parcelles de la Ville de Paris qui vont accueillir des immeubles pensés de manière innovante. Cela ira de la conception des bâtiments à leur capacité à concilier les usages, dans une logique d'économie circulaire. Le « multi-usages », le « pluriel », le « partage » seront la signature de Paris dans les prochaines années.

La volonté de faire de Paris l'une des smart cities les plus avancées au monde d'ici à 2020 passe par cette stratégie de réseaux intelligents. Anne Hidalgo a d'ailleurs nommé un responsable de la ville intelligente à la mairie, Jean-Philippe Clément, dont la seule mission est de traquer dans les directions de la ville tous les sujets qui d'une façon ou d'une autre relèvent de la smart city et de faire travailler les fonctionnaires ensemble. Pour que Paris soit une ville intelligente, il faut que l'administration, à l'instar du privé, casse son ancienne manière de travailler.

Casser les habitudes, c'est l'un des objectifs parisiens. Dans certains cas c'est particulièrement difficile, comme pour l'ouverture des données. La mairie de Paris ne cache pas qu'elle est obligée de supporter certaines décisions qui ne vont clairement pas dans son sens : cela va du compteur intelligent Linky d'EDF - qui n'est certes pas un modèle d'open data - à la lenteur de ceux de la RATP, de la SNCF ou du Syndicat des transports d'Île-de-France que gère la Région, en passant par les sociétés du privé qui gèrent un service en délégation de service public mais que rien n'oblige à ouvrir les données ! Paris a des boulets aux pieds.

C'est pour cela que la base de la stratégie de la ville intelligente est lente à construire et que certaines des pièces essentielles du dispositif ont parfois un peu de mal à démarrer. La participation des Parisiens au budget de la ville en septembre a ainsi été un peu poussive. Mais dès 2015 les Parisiens pourront eux-mêmes proposer leurs projets sur une plateforme participative. Et l'enveloppe sera de 71 millions, ce qui permet quand même de faire des choses. C'est un peu la pierre angulaire « théorique » de la smart city parisienne. Il arrive que des industriels reprochent à la mairie d'avoir une vision trop intello de la ville intelligente, pas forcément une conception de manager.

C'est un peu vrai, mais la mairie a surtout une vision politique et refuse de se laisser enfermer dans la logique des systèmes d'information et des tableaux de bord, car le concept même de smart city n'est absolument pas stabilisé. La ville a en effet le défaut majeur d'avoir une évolution difficilement modélisable. Le numérique est bien sûr essentiel. Mais c'est encore plus smartde prévoir un système dans lequel l'intelligence des habitants prime sur celle des capteurs, et qui puisse s'adapter en permanence.

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Commentaires 4
à écrit le 10/12/2014 à 10:18
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cette information ne me paraît avoir été contrôlée avant d'avoir été diffusée. A ce jour je crois savoir que la consommation électrique de l'éclairage public n'est pas mesurée et que cela ne sera pas le cas avant longtemps. Ce n'est pas paece que c...

à écrit le 20/11/2014 à 15:23
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Il ne reste plus qu'à rendre smart les décideurs de la ville....Ce sera peut être le vœu des parisiens pour 2015!

à écrit le 20/11/2014 à 14:46
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bof, moi je me promène tout les jours dans cette ville et dans son réseau de transport, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle se rapproche vitesse grand V du New York des années 70. celui qui était insalubre et dangereux !

le 20/11/2014 à 19:32
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