Aucune amélioration du chômage à attendre au premier semestre 2015

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  569  mots
La France ne créera pas assez d'emplois au premier semestre 2015 pour absorber la progression de la population active.
Selon les dernières projections de l'Insee, le taux de chômage en France métropolitaine grimperait à 10,2% fin juin 2015. Les créations d'emplois attendues (18.000) seraient nettement insuffisantes pour absorber la progression de la population active.

L'inversion de la courbe du chômage ne sera pas encore pour le premier semestre 2015 si l'on en croit la dernière note de conjoncture de l'Insee. Au contraire, la situation risque, une fois encore, de se se dégrader.

Alors que le taux de chômage devrait avoisiner les 9,9% en France métropolitaine à la fin de cette année, ce taux grimperait à 10,2% à la fin juin 2015 et même à 10,6% en tenant compte des DOM. Bien entendu, ce mauvais résultat est dû à la conjoncture morose mais aussi, problème spécifique à la France, à la croissance soutenue de la population active.

La population active progresserait de 64.000 personnes au premier semestre...

Pour 2014,  l'Insee estime que, in fine, la population active française aura augmenté de 145.000 personnes en 2014. Ce qui signifie qu'il aurait fallu créer au moins 145.000 emplois pour que le chômage ne progresse pas. Et cette tendance se poursuivrait au premier semestre 2015 avec une nouvelle augmentation de la population active de 64.000 personnes sur les six premiers mois de l'année. Or, l'Insee table, tous secteurs confondus, sur une très faible progression de l'emploi au premier semestre 2015 avec 18.000 postes supplémentaires. Un nombre nettement insuffisant, donc, pour absorber le surcroît de population active.

...  pour seulement 18.000 emplois créés

Au chapitre de l'emploi, dans le détail, l'Insee table donc sur une situation toujours dégradée... mais moins que les années précédentes. En 2013, l'emploi marchand avait diminué de 69.000 postes. En 2014, les pertes d'emplois devraient être à peu près du même niveau (-77.000). A noter que l'Institut estime que les conséquences du ralentissement de l'activité sur l'emploi ont  été en partie compensées par l'effet de la montée en charge du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE).

A cet égard, toujours selon l'Insee, le CICE permettrait d'enrichir la croissance en emplois de 15.000 postes par trimestre depuis le second semestre 2013.

Par secteur, l'emploi dans le tertiaire marchand, y compris l'intérim, progresserait de 22.000 postes au premier semestre 2015. En revanche, l'emploi industriel baisserait de nouveau sur les six premiers mois de l'année prochaine (- 12.000) après avoir reculé de 20.000 postes au second semestre 2014.

Il en va de même dans la construction où l'emploi salarié décroît presque continuellement depuis 2008. Ce serait encore le cas au premier semestre 2015 avec 22.000 postes perdus, après 27.000 disparus au second semestre 2014.

La rustine des contrats aidés

Dans ce contexte, pour parer au plus pressé, le gouvernement a décidé de continuer de mettre le paquet sur les contrats aidés dans le secteur non marchand. Ainsi, l'emploi non marchand, après avoir augmenté de 58.000 postes en 2014, continuerait, mais de façon ralentie, à augmenter sur les six premiers mois de l'année 205 (+ 19.000 emplois). Cette progression sera donc essentiellement due aux emplois aidés. Il y en auraient 19.000 de plus au premier semestre 2015 après, déjà, une progression de 9.000 au second semestre 2014. L'Insee note que, au total, 380.000 personnes ont bénéficié d'un contrat aidé dans le secteur non marchand en 2014.

La situation globale n'est donc pas fameuse. Et encore, cela aurait pu être pire. En effet, selon l'Insee, à compter du premier trimestre 2015, les mesures cumulées du CICE et des nouveaux allègements de cotisations sociales patronales vont permettre d'enrichir la croissance de 20.000 emplois par trimestre. Pour autant, la fameuse inversion de la courbe du chômage ne se produira pas avant 2016. Au mieux.