La grève des médecins pourrait se prolonger

Par Fabien Piliu  |   |  608  mots
Le projet de loi Santé porté par Marisol Touraine déclenche la colère des médecins
Protestant contre les mesures contenues dans le projet de loi Santé porté par Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, la Fédération des médecins de France (FMF) se dit prête à poursuivre le mouvement de grève des médecins.

Le mouvement risque de se durcir. La grève contre le projet de loi santé pourrait "durer" au-delà du 31 décembre, car le gouvernement est "sourd" aux demandes des médecins", a affirmé vendredi la Fédération des médecins de France (FMF).

"Cette grève normalement s'arrête le 31 décembre. Mais on sait que ça va durer, on sait que ça va être obligé de durer. On est en face d'un ministère qui est particulièrement sourd", a affirmé le président de la FMF Jean-Paul Hamon sur RTL.

Plusieurs syndicats de médecins libéraux ont appelé à la fermeture des cabinets pendant les vacances de Noël. Les spécialistes se sont joints mercredi au mouvement entamé la veille par les généralistes.

Le projet de loi Santé porté par Marisol Touraine  est rejeté en bloc

Pourquoi cette colère ? Les médecins veulent une réécriture de la loi Santé portée par Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales qui sera débattu au Parlement en avril.

"Nous exigeons toujours qu'elle soit retirée car madame Touraine veut nous noyer sous la paperasse avec un tiers payant généralisé et "nous mettre sous la coupe des agences régionales de santé" (ARS) qui vont pouvoir conventionner les médecins à leur guise".

Les médecins ont également des revendications tarifaires. Les généralistes demandent une consultation à 25 euros, les spécialistes la revalorisation des actes. Ils demandent aussi la réécriture, voire le retrait du projet de loi santé dont l'examen par le Parlement est prévu en avril.

Le gouvernement "prétend vouloir renégocier", mais lors des négociations qui se sont déroulées "la semaine dernière, on nous a ressorti le même texte qu'au mois de juillet, sans modification d'une virgule", a-t-il dénoncé.

La grève est suivie

Selon la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), le premier syndicat français de médecins, le mouvement est "particulièrement suivi avec plus de 80% de cabinets médicaux fermés".

Pour la Confédération, ce mouvement démontre "l'exaspération et la détermination de la profession contre le projet de loi de santé qui va détruire l'organisation des soins libéraux de proximité auxquels les Français sont attachés pour en faire une usine à gaz aux mains de l'administration où tout sera plus compliqué et plus long", précise la CSMF dans un communiqué.

Heureusement, l'activité est calme

Du côté de l'impact de la grève pour les patients, Jean-Paul Hamon, dont le syndicat regroupe des spécialistes et généralistes, a reconnu qu'il n'y avait pas d'afflux aux urgences, comme l'avait souligné mercredi la ministre de la Santé Marisol Touraine.

La ministre "a un peu de chance et les patients aussi", "il y a effectivement moins de patients en ce moment, il n'y a pas d'épidémie, il y a très peu de pathologies", a-t-il relevé.

Mais "il ne faudrait pas que Marisol Touraine pense qu'elle a échappé à une catastrophe sanitaire", celle-ci "va arriver avec la mise en oeuvre de cette loi", le projet de loi santé, a-t-il ajouté.

Le député UMP et urologue Bernard Debré, qui avait déjà affiché son soutien aux grévistes, a aussi appelé vendredi sur iTELE à la suppression de ce projet qu'il juge "mauvais".

"Il a déjà été repoussé, il devait passer à l'Assemblée nationale en janvier, maintenant c'est en avril, peut-être en mai. Il faut arrêter. On ne peut pas réformer sans l'accord des médecins ", a-t-il déclaré.