Le vrai-faux départ de Jean-Pierre Bel à la retraite

Par Fabien Piliu  |   |  733  mots
L'ancien président du Sénat est désormais l'envoyé personnel de l'Elysée pour l'Amérique latine et les Caraïbes
Mercredi, l'Elysée a annoncé la nomination de l'ancien président (PS) du Sénat comme envoyé personnel pour l'Amérique latine et les Caraïbes. Le 5 mars, il avait annoncé son retrait de la vie politique après les élections sénatoriales de septembre.

Le 5 mars 2014, Jean-Pierre Bel, alors encore président du Sénat, annonçait son retrait de la vie politique après les élections sénatoriales de septembre. Quelques mois plus tard, il revient aux affaires.

Dans un communiqué publié ce mercredi, l'Elysée annonce en effet que " le Président de la République a souhaité faire de l'Amérique latine et des Caraïbes une priorité de la politique extérieure de la France, comme il l'a souligné le 28 mai 2014 à l'occasion de la première édition de la Semaine de l'Amérique latine et des Caraïbes en France. En accord avec le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, le Président de la République a donc décidé la nomination de M. Jean-Pierre Bel comme envoyé personnel pour l'Amérique latine et les Caraïbes ".

Cette nomination avait été annoncée par le Canard enchaîné en septembre. "Jean-Pierre Bel a bien préparé son propre recyclage. Il sera parachuté à l'Elysée, où l'attend un poste de conseiller chargé de l'Amérique latine ". Réagissant à l'information du Canard, Jean-Pierre Bel a nié vouloir obtenir une ambassade : " Pour être ambassadeur, il faut avoir moins de 65 ans. C'est une barrière que je vais bientôt franchir ", avait-il déclaré sur France 3. Concernant sa nomination à l'Elysée, il avait botté en touche. "Je me réserve le droit d'exercer une activité après le Sénat mais à ce jour personne ne peut prétendre la connaître ".

Le Sénat ou Cuba ?

Pourquoi cette nomination ? Et pourquoi cette zone ? Le souhait de Jean-Pierre de devenir ambassadeur à Cuba - sa femme est cubaine - après son passage au Sénat était connu bien qu'il l'ait démenti. A l'origine d'une " journée de l'Amérique latine " au Sénat, il a déjà joué le rôle d'émissaire pour l'Elysée, en raison de ses réelles connaissances de ce continent. Fin janvier 2013, en plein vote des propositions de loi sur la régulation des normes applicables aux collectivités locales et les conditions d'exercice des mandats locaux, pourtant élaborées à sa demande, Jean-Pierre Bel effectuait une visite officielle à Cuba. Il avait rencontré le chef de l'Etat cubain, Raul Castro, pour lequel il était porteur d'un message de paix de la part de François Hollande.

Ce déplacement ayant fait jaser au Sénat, Jean-Pierre Bel avait vivement réagi. " C'est dégueulasse. Je vis et je dors au Sénat. Et quand je suis allé à Cuba, il y a quelques jours, c'était avec une délégation de parlementaires. J'ai eu un entretien de plus de deux heures avec Raul Castro, le plus long qu'il ait accordé à un responsable européen », avait-il déclaré à l'Express.

Promouvoir les intérêts économiques et renforcer la coopération culturelle

Quel sera son rôle aux côtés de Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, sachant que Jean Mendelson, l'ambassadeur de France à La Havane peut déjà compter sur un service économique composé de quatre collaborateurs déjà présents sur la plus grande ile des Antilles ?

" Dans le cadre de sa mission, M. Jean-Pierre Bel contribuera à promouvoir nos intérêts économiques et à encourager le renforcement de notre coopération universitaire, scientifique et culturelle avec les pays de la région. Il travaillera en lien étroit avec nos ambassadeurs et les ministères concernés. Le ministère des Affaires étrangères et du Développement international lui apportera l'appui nécessaire. Cette mission est bénévole ", précise le communiqué de l'Elysée.

Avec cette nomination, le Quai d'Orsay, qui est désormais à la manœuvre dans le domaine de la diplomatie économique depuis que le ministère a "chipé" le commerce extérieur à Bercy, complète son réseau de personnalités de premier rang pour relancer le made in France à l'étranger et faire rayonner la culture française.

Sur son site Internet, le ministère des Affaires étrangères détaille ces représentants spéciaux. Il s'agit de Martine Aubry pour la Chine, de Louis Schweitzer pour le Japon, de Philippe Faure, un diplomate, pour le Mexique, de Jean-Pierre Raffarin pour l'Algérie, de Jean-Pierre Chevènement pour la Russie, d'Anne-Marie Idrac pour les Emirats Arabes Unis et de Paul Hermelin, le PDG de Capgemini, pour l'Inde.