Comment la France veut en finir avec le "french bashing"

Par Fabien Pilliu  |   |  897  mots
Le "french bashing" est un sujet de prédilection - un "marronnier"- pour certains titres de la presse anglo-saxonne, comme en témoignent ces Unes de "The Economist" : [France:], "La bombe à retardement au coeur de l'Europe (17 nov. 2012) ; [Comment] La France [aveuglée] fait face à l'avenir (30 mars 2006); La France dans le déni: l'élection [présidentielle] la plus frivole de l'Occident (31 mars 2012).
Muriel Pénicaud, la directrice de Business France, fruit de la fusion entre Ubifrance et l'Agence française des investissements internationaux (AFII), veut profiter de la renommée naissante des acteurs de la french tech pour redorer l'image de la France.

Stop au "french bashing" ! Après Manuel Valls, le Premier ministre, c'est au tour de Muriel Pénicaud, la directrice de Business France, résultat de la fusion entre Ubifrance et l'Agence française des investissements internationaux (AFII), de partir en croisade contre le "french bashing".

" Avec ses acteurs de la French Tech, la France a fait forte impression à Las Vegas lors du salon Consumer Electronic Show [CES]. Nos talents en matière de créativité et d'innovation sont identifiés et reconnus. Il faut maintenant capitaliser sur cette réussite ", explique Muriel Pénicaud.

Quelles sont ses armes pour mettre fin au "french bashing" dont se délectent certains titres de presse anglo-saxons - le reportage récent de Fox News est sur ce point édifiant -, voire certains titres français.

Concrètement, la directrice de Business France veut adopter une stratégie très pragmatique en martelant les faits, les chiffres qui placent la France parmi les terres d'accueil privilégiées des investisseurs étrangers dans le monde. En 2014, comme en 2013, la France devrait se classer au troisième rang européen selon le rapport 2014 de l'AFII . Dans le domaine industriel, c'est au premier rang que la France se place dans le classement européen.

Des atouts reconnus

" Il ne s'agit pas de nier certaines contraintes mais de mettre en avant nos atouts, nos talents. Il faut mettre l'accent sur nos points forts. Il y a peu de domaines dans lesquels nous avons à rougir de la comparaison ", martèle Muriel Pénicaud. Publié dans le tableau de bord de l'attractivité 2014 de l'AFII, un sondage TNS Sofres-AFII publié en septembre indique que 65% des investisseurs étrangers jugent le site France attractif. Ils n'étaient que 53% en 2009 ! Ils sont 33% à prévoir un renforcement de leur présence en France. Interrogés sur les critères d'attractivité de la France, 80% des dirigeants interrogés implantés en France soulignent la qualité des infrastructures de communication, de transport et logistiques ainsi que le tissu industriel.

Selon une étude publiée en 2013 par l'institut COE-Rexecode, la qualité des produits industriels français est très jugée par ses partenaires commerciaux. C'est notamment le cas des biens intermédiaires et les biens d'équipement mécaniques. Ils sont positionnés au troisième rang sur dix concurrents mondiaux, en terme de qualité derrière l'Allemagne et le Japon. Les délais de livraison, le contenu en innovation technologique sont très bien notés. Les points noirs du made in France ? La variété des fournisseurs et le prix des produits !

La France sur le devant de la scène

Sous l'impulsion de Business France et du gouvernement qui a fait de l'attractivité l'une ses priorités, la France a décidé de réinvestir les grands événements mondiaux.

Ainsi, le président de la République se rendra à Davos au World Economic Forum (WEF), accompagné de quatre ministres : Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, Ségolène Royal, la ministre de l'Écologie, Michel Sapin, le ministre des Finances, et Matthias Fekl, le secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur. Pour les trois derniers, il est à noter que cette participation au WEF sera une première... Lors de son déplacement à Davos, François Hollande a émis le souhait de rencontrer des investisseurs internationaux lors d'un déjeuner consacré à l'attractivité de la France. Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie, restera à Paris, occupé à défendre le projet de loi pour la croissance et l'activité au Parlement.

Une démonstration de force lors de la Conférence Climat à la fin de l'année

Pays hôte de la 21e Conférence Climat qui se tiendra au Bourget du 30 novembre au 11 décembre, la France économique entend bien faire la démonstration de son savoir-faire dans le domaine du développement durable, de l'urbanisme et des réseaux intelligents ("smarts grids"). La France a déjà pris l'initiative sur certains sujets qui seront abordés lors de cette conférence. En février 2014, Nicole Bricq, alors ministre du Commerce extérieur, avait présenté Vivapolis, la marque créée par Bercy pour vanter l'excellence française dans le domaine de la ville durable. Financés par des fonds d'études du ministère, deux consortiums d'entreprises présentant des offres intégrées de leur savoir-faire dans ce domaine ont été lancés à cette occasion. Le premier réunit Eiffage, Egis et GDF Suez. Le second regroupe Artélia et Véolia.

Un Conseil de l'attractivité semestriel

En février 2014, François Hollande a lancé le Conseil de l'attractivité. Cette manifestation se déroule désormais tous les six mois. Alors que la polémique déclenchée par le rachat par General Electric de la division Energie d'Alstom provoquait la colère d'Arnaud Montebourg, alors ministre de l'Economie, François Hollande vantait l'excellence française aux investisseurs internationaux. "La France n'a pas peur des investissements étrangers et n'entend pas se protéger. Nous n'avons pas une conception étriquée de notre intérêt national, a insisté le chef de l'État. Nous considérons même que la mobilité des investissements français à l'étranger et étrangers en France fait partie de la réussite d'un pays", avait déclaré le chef de l'État aux 34 dirigeants d'entreprises internationales reçus à l'Élysée.