Une femme cadre gagne 8,5% de moins qu'un homme cadre

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  604  mots
Selon l'enquête Apec, à profil identique, une femme cadre perçoit 8,5% de moins que son homologue masculin (Crédits : Décideurs en région)
A profil identique, la rémunération des femmes cadres est inférieure de 8,5% à celle des hommes cadres, selon une enquête de l'Association pour l'emploi des cadres. Mais dans certaines fonctions (direction d'entreprise, ressources humaines, etc.), cet écart dépasse largement les 10%.

En matière d'inégalité salariale entre les femmes et les hommes, les cadres n'échappent pas à la règle, si l'on se réfère aux résultats de l'enquête 2015 réalisée sur le sujet par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) auprès de 18.000 cadres du secteur privé. Globalement, à profil identique (âge, fonction, ancienneté, etc.), le salaire fixe des hommes cadres est supérieur de 8,5% à celui des femmes cadres. Et, toujours à profil identique, les écarts de salaires cadres entre les femmes et les hommes augmentent avec l'âge et avec l'ancienneté et ce... toujours au détriment des femmes. Ainsi, l'écart est inférieur à 5% avant l'âge de 30 ans, pour approcher les 10% vers 40 ans, voire 12,5% à partir de 50 ans.


Le salaire annuel médian des hommes cadres est supérieur de 15,7% à celui des femmes

Si, cette fois, on ne prend pas en compte l'élément « profil identique », alors les hommes cadres ont un salaire brut fixe annuel moyen supérieur de 18,6% aux femmes cadres et un salaire médian supérieur de 15,7%. Mais cet écart varie en fonction de la tranche d'ancienneté. Par exemple, le salaire fixe brut annuel des hommes cadres ayant de 5 à 9 ans d'ancienneté atteint 48.000 euros, alors que celui des femmes plafonne à 43.00 euros, soit un écart de 11,6%. Pour la tranche de 10 à 19 ans d'ancienneté, le salaire médian des hommes cadres s'élève à 52.000 euros et celui des femmes à 44.500 euros, soit un écart de 16,9%.

Ces écarts calculés sur des moyennes et des médianes s'expliquent en partie par le fait que les hommes et les femmes cadres ne possèdent pas les mêmes caractéristiques individuelles (âge, formation initiale, etc.), n'occupent pas les mêmes emplois et ne travaillent pas dans les mêmes entreprises.

L'écart de salaire varie également fortement selon la fonction occupée par le cadre. A cet égard, la fonction la plus discriminante pour les femmes est la direction d'entreprise pour laquelle un écart de salaire de 14,1% est constaté entre les hommes et les femmes à caractéristiques communes identiques. A l'opposé, dans la fonction informatique, femmes et hommes cadres perçoivent un salaire plus proche avec un écart de « seulement » 5,5%... toujours au détriment des femmes. Dans la fonction « commercial » l'écart est de 12,4% et il est de 9,7% dans les fonctions « gestion, finance, administration ».

Et contrairement à ce que l'on pourrait supposer, l'importance variable des écarts ne s'explique pas par le taux de féminisation plus ou moins important au sein de chaque fonction. Autrement dit, une part importante de femmes dans une fonction n'induit pas un écart faible de salaire entre hommes et femmes. Ainsi dans la fonction « ressources humaines », qui comprend deux tiers de femmes, l'écart de salaire s'élève à 11,3%.

Plus le niveau de diplôme est élevé plus l'écart entre les femmes et les hommes diminue

L'étude relève que le degré d'écart de salaires entre hommes et femmes cadres est aussi lié à l'effectif supervisé : plus le nombre « d'encadrés » augmente, plus l'écart des salaires fixes entre femmes et hommes se creuse. Ainsi, sans responsabilité hiérarchique, les hommes gagnent 7,4% de plus que les femmes. Et lorsqu'un homme encadre une équipe d'au moins sept cadres, il gagne alors 10,8% de plus qu'une femme à la tête d'une équipe comparable.

En revanche, et toujours à caractéristiques égales, plus les cadres ont un niveau de diplôme élevé, plus l'écart de salaires entre les femmes et les hommes cadres tend à diminuer. Ainsi, au niveau Bac +2, les hommes gagnent 12,5% de plus que les femmes, cet écart tombe à 9,8% pour les Bac +3/4 et à 7,5% pour les Bac +5 et plus.