Libre-échange UE-US : l'exception culturelle hante l'ouverture des négociations au G8

Par Mounia Van de Casteele  |   |  484  mots
Copyright Reuters
Comme le souhaitait David Cameron, la question d'un accord de libre-échange entre les deux blocs a été abordée lors de la première journée du G8, malgré l'importance du dossier syrien. Le président américain Barack Obama a annoncé que le coup d'envoi des négociations serait officiellement donné à Wahington le mois prochain. Tandis que l'UE a donné mandat à la Commission pour engager des pourparlers qui ne devraient, dans un premier temps, pas toucher au secteur de l'audiovisuel.

David Cameron doit être satisfait. Comme il le souhaitait, la première journée du sommet du G8, a permis d'engager officiellement des pourparlers sur le projet de partenariat transatlantique. Et ce malgré les tensions sucitées par le délicat dossier syrien. Les négociations devraient donc être officiellement lancées à Washington d'ici un mois, comme l'a assuré lundi le président américain Barack Obama. 

Les négociations seront officiellement lancées à Washington au mois de juillet

Si les discussions s'annoncent difficiles, Barack Obama a exhorté les politiciens à "regarder au-delà des préoccupations étroites et à se concentrer sur la grande image" d'un accord commercial concernant des pays qui représentent la moitié de l'économie mondiale. David Cameron, Premier ministre britannique, a rappelé qu'un tel accord devrait rapporter 100 milliards d'euros pour l'UE, 80 milliards d'euros pour les États-Unis et 85 milliards d'euros pour le reste du monde.

L'audiovisuel mis de côté
...

Pour commencer, la question sensible de l'audiovisuel a été et restera source de tensions. Certes les 27 se sont mis d'accord sur le document de travail qui exclut désormais ce secteur des pourparlers, au terme de treize longues heures de discussions. Il faut dire que la France avait menacé d'utiliser son droit de veto afin de faire capoter le vote si la Commission n'excluait pas l'exception culturelle du mandat de négociations. Finalement, Bruxelles a fini par céder. Dans un premier temps du moins, puisque José Manuel Barroso envisage de remettre l'audiovisuel sur la table ultérieurement. Le conflit risque donc d'être ravivé à un stade où les négociations - que la Commission souhaite boucler en deux ans - seront sans doute plus avancées. 

...pour l'instant

Le sujet est très sensible. A tel point qu'après le vote qui a donné raison à la France, de hauts responsables européens ont continué à se critiquer par médias interposés. Une incartade du président de la Commission européenne a aussitôt déclenché la polémique. José Manuel Barroso a en effet traité la France de "réactionnaire" dans une interview accordée lundi à l'International Herald Tribune. Des propos jugés "consternants" par la ministre française de la Culture Aurélie Filippetti lundi. Ce a quoi le Commissaire européen Michel Barnier a enchéri mardi: "Quand on défend la diversité culturelle, on n'est pas réactionnaire, on est dans un combat d'avenir". "Dans le même temps, imaginer qu'on peut développer de l'emploi, trouver de la croissance en Europe et en France sans échanges avec nos partenaires américains, qui sont nos premiers partenaires, avec nos partenaires chinois, en se recroquevillant je ne sais derrière quelle ligne Maginot, alors, pour le coup, on peut être réactionnaire", a poursuivi le responsable du marché intérieur et des services au sein de l'administration bruxelloise. Le feu est donc éteint mais les braises restent ardentes.