Syrie : Paris et Washington maintiennent la pression, l’Onu condamne des “crimes contre l’humanité“

Par latribune.fr  |   |  653  mots
Paris reste "mobilisé pour sanctionner l'usage d'armes chimiques par le régime syrien" (Photo Reuters)
François Hollande exige un contrôle des armes chimiques en Syrie, Barack Obama temporise mais continue de plaider pour que l’usage de ces armes – reconnu par les Etats-Unis – ne reste pas impuni. De son côté, l’Onu remet des conclusions très attendues.

La date est lourde de sens. En ce 11 septembre, la situation en Syrie continue de faire l'objet d'intenses tractations diplomatiques. La Tribune fait le point.

  • Paris exige un "contrôle effectif " des armes chimiques présentes en Syrie

En France, François Hollande a convoqué un Conseil de défense. Au cours de la nuit, après la proposition russe consistant à placer l'armement chimique de la Syrie sous contrôle international, Paris a exigé des "engagements précis, rapides et efficaces" de Damas. Après le Conseil de défense, le président français "a souligné la détermination de la France à explorer toutes les voies au Conseil de sécurité des Nations unies, pour permettre au plus vite un contrôle effectif et vérifiable des armes chimiques présentes en Syrie", selon un communiqué.

>> Hollande assure que "la France n'agirait pas seule" contre la Syrie

  • L'Onu ne confirme pas l'usage des armes chimiques par les forces gouvernementales

Le rapport des inspecteurs de l'Onu sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie sera rendu officiellement public "probablement lundi", a déclaré jeudi 12 septembre le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.

La veille, l'AFP publiait des extraits du rapport de la commission d'enquête de l'Onu a remis son  rapport sur l'usage des armes chimiques en Syrie. Elle mentionnerait - sans les confirmer - des "allégations (...) concernant l'utilisation d'armes chimiques, principalement par les forces gouvernementales".  "Sur la base des éléments de preuve actuellement disponibles, il n'a pas été possible de parvenir à une conclusion quant aux agents chimiques utilisés, leur système vecteur ou les auteurs de ces actes. Les enquêtes se poursuivent", est-il indiqué dans ce rapport rédigé par des experts cité par l'AFP. Toutefois, ce dernier souligne que "les forces du gouvernement et de ses partisans ont continué de lancer des attaques généralisées contre la population civile, commettant meurtres, tortures, viols et disparitions forcées constitutifs de crimes contre l'humanité", au moins sur la période étudiée, soit entre le 15 mai et le 15 juillet.

 Un rapport de Washington fin août concluait que ces armes chimiques avaient bien été utilisées par l'armée syrienne, provoquant la mort de 1.429 morts dont 426 enfants.  Une affirmation niée par Damas.

  • Etats-Unis : Obama temporise mais maintient l'armée sur ses positions

Lors de son intervention télévisée du 10 septembre, le président américain a repoussé le vote du Congrès sur une attaque de la Syrie. Il temporise en affirmant vouloir donner une chance à la diplomatie. A propos de l'initiative russe, il a affirmé qu'elle pouvait "permettre de mettre un terme à la menace des armes chimiques sans recourir à la force, en particulier parce que la Russie est l'une des plus puissants alliées d'Assad".

 Cependant, au cours de son allocution ce dernier a continué à défendre l'éventualité d'une intervention. Ne pas répliquer à l'usage des armes chimiques par le gouvernement de Damas, dont la véracité a été officiellement reconnue par les Etats-Unis, reviendrait à autoriser de nouvelles exactions de ce type.

Pour tenter de persuader les citoyens américains du bien-fondé d'une action militaire, il a fait appel à l'histoire, rappelant l'usage des gaz pendant la première et la deuxième guerre mondiale. "Nos idéaux et principes, ainsi que notre sécurité nationale sont en jeu en Syrie, de même  que notre place de meneur dans un monde où nous cherchons à nous assurer que les pires armes ne seront jamais utilisées", a notamment déclaré le chef d'Etat américain. Barack Obama déclare enfin avoir "donné l'ordre à (son) armée de garder ses positions actuelles, pour maintenir la pression sur Assad et afin d'être prête à réagir si la diplomatie échoue".

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