Ukraine : la Russie place ses pions en Crimée

Par Romain Renier  |   |  600  mots
Le drapeau russe a été hissé sur le parlement de la république autonome ukrainienne de Crimée par des sépparatistes russoophones armés. (Photos : Reuters)
La Russie renforce ses intérêts en Crimée, région à majorité russophone. Après avoir placé ses troupes en état d'alerte aux frontières et menacé d'intervenir pour sauvegarder les intérêts de la population russophone, Moscou y prévoit un plan de soutien aux entreprises russes de 5 milliards de dollars.

Cinq milliards de dollars pour les entreprises russes en Crimée, en proie à des tensions séparatistes ravivées depuis la démission et la fuite de Viktor Ianoukovitch samedi dernier. C'est le plan de soutien qu'a préparé Moscou ces derniers jours pour venir en aide à la république autonome d'Ukraine à majorité russophone, selon le quotidien russe Kommersant.

Un plan général russe à destination de toute l'Ukraine, adopté en décembre, prévoyait un renforcement de la coopération économique entre les deux pays, explique le journal. Mais les événements de ces derniers jours auraient changé la donne à Moscou : le plan prévoit désormais un volet spécial pour la Crimée.

La Crimée, point stratégique pour les Russes

"La Crimée est traditionnellement un territoire attractif pour les investisseurs russes", a expliqué à Kommersant un responsable du ministère de l'Économie, Alexandre Tsyboulski. Mais les intérêts du pays en Crimée ne sont pas que d'ordre économique. Ancien territoire russe, rattaché à l'Ukraine en 1954 à l'époque de l'URSS, la péninsule abrite encore la flotte russe de la mer Noire à Sebastopol. Elle constitue, notamment à cet égard, un enjeu de taille pour Moscou.

Or, dans la nuit de mercredi à jeudi, des hommes armés ont pris le contrôle du siège du gouvernement de la république autonome de Crimée, ainsi que de son parlement, à Simferopol, sur lequel ils ont hissé le drapeau russe. Les autorités locales ont promis des réactions mais les Russes sont aux aguets.

La tension monte

"Le ministère russe des Affaires étrangères continuera à défendre les droits de ses ressortissants dans l'arène internationale; il réagira avec force et intransigeance lorsqu'ils seront violés", a promis Moscou sur Twitter.

Ce à quoi le gouvernement ukrainien a répondu que tout mouvement de troupes russes en Crimée, hors de la base de Sebastopol, serait considéré par Kiev comme un acte d'agression. Les troupes russes, dont des avions de chasse, sont quant à elles en état d'alerte sur la frontière qui sépare la Fédération de l'Ukraine.

Sur Twitter, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen s'est inquiété de la tournure prise par les événements :

Les événements de Crimée m'inquiètent. J'exhorte la Russie à ne prendre aucune initiative susceptible d'exacerber les tensions ou de donner lieu à une incompréhension.

De quoi accroître la pression sur le gouvernement pro-européen de Arseni Iatseniouk qui a reçu l'aval du parlement ukrainien ce jeudi pour entrer officiellement en fonctions. En plus des tensions séparatistes à l'est et de ce jeu du chat et de la souris entre Russes et occidentaux, par ailleurs dénoncé par la Chine, le nouveau gouvernement aura aussi pour tâche d'éviter la banqueroute du pays.

Kiev aux abois

Pour cela, il peut donc d'ores et déjà compter sur l'aide de Moscou, et sur la garantie d'un milliard de dollars pour un prêt des institutions internationales. "Les Européens réfléchissent à 1,5 milliard de dollars", a expliqué le secrétaire américain aux Affaires étrangères John Kerry.

L'Ukraine, en pleine crise économique et politique, a indiqué avoir besoin d'une aide de 35 milliards de dollars dans les deux années à venir. Signe de défiance, la hryvnia, la monnaie ukrainienne, a perdu environ 18% de sa valeur depuis le début de l'année.

 

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