La crise ukrainienne angoisse les marchés mondiaux

Par Florence Trainar  |   |  611  mots
Le marché parisien recule alors même qu'il avait atteint un sommet depuis 2008 la semaine dernière.
Vers 17 heures (heure de Paris), le CAC 40 était en recul de 2,6% par rapport à la clôture de vendredi. Le FTSE-100 chutait de 1,4%, et le Dow Jones de 1,2%. Les cours de pétrole en ressortent à l'inverse dopés.

L'onde de choc s'est propagée à vitesse éclair ce lundi. Alors que les principaux indices boursiers moscovites ont fini en forte baisse (-10,8% pour le Micex et -12,0% pour le RTS), l'ensemble des Bourses européennes ont également plongé, fortement inquiétées par l'escalade des tensions entre Moscou, Kiev et les occidentaux dimanche, et par la perspective d'une intervention armée russe en Crimée.

Dégringolade des indices

A 17h03, heure de Paris, l'indice CAC 40 était en chute de 2,59% à 4.297,29 points et l'indice FTSE-100, rassemblant les 100 plus grosses capitalisations britanniques à Londres, plongeait de 1,39% à 6.714,18 points, par rapport à la clôture de vendredi .

Wall Street n'a pas échappé à la vague contagieuse : vers 17h30 heure de Paris, soit deux heures après l'ouverture du marché new-yorkais, le Dow Jones accusait un recul de 1,2% à 16.127,74 points. La majorité des indices asiatiques ont également chuté. A Tokyo, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes s'est inscrit en baisse de 1,27% à la clôture de ce lundi. 

La crise en Ukraine s'est en effet aggravée ce week-end, depuis que le Parlement russe a validé le déploiement de forces armées russes en Crimée, région pro-russe d'Ukraine. En réponse à ce que le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a qualifié de "déclaration de guerre", Kiev a annoncé la mobilisation de l'ensemble de ses réservistes.

Inquiétude mais "sans réelle panique"

"Cette crise avait déjà eu un premier effet mercredi dernier sur les marchés avec les premières annonces de manoeuvres de troupes (...), mais c'est aujourd'hui que l'impact se fait vraiment sentir car la situation a empiré durant le week-end", explique Patrick Jacq, un stratégiste obligataire de BNP Paribas.

Les marchés européens s'attendent à vivre au rythme du conflit les jours à venir. "La situation en Ukraine est clairement le thème principal pour les marchés et va prendre le pas sur tout le reste cette semaine", juge Chris Weston, analyste chez IG. Il prévient toutefois qu'il s'agit d'un mouvement de vente important, mais "sans réelle panique"

La situation "évolue d'heure en heure et est critique", ajoute-t-il. "Le marché veut savoir dans quelles mesure l'Ouest va imposer des sanctions économiques à la Russie en cas de violence", selon lui.

Repli sur les valeurs refuge

"Cette escalade des tensions provoque un mouvement défensif sur les marchés", expliquent les analystes chez Saxo Banque.

Les marché s'attendent à une forte période de volatilité qui va jouer en défaveur de l'appétit pour les actifs les plus risqués. Les investisseurs devraient opter pour des valeurs moins volatiles comme les obligations allemandes et le franc suisse.

"Tant que la visibilité ne sera pas meilleure sur les issues potentielles, les actifs refuges devraient avoir les faveurs des investisseurs", résument les stratégistes chez Crédit Mutuel-CIC.

Les cours du pétrole dopés par la crise

Vers 17h06 GMT, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril progressait toujours à 104,7 dollars (+2,0% sur la journée). Idem pour le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance, à 111,70 dollars (+2,3%).

"Étant donné que l'Ukraine se situe dans la chaîne d'approvisionnement du Brent, la prime de risque a augmenté, poussant vers le haut les prix" du brut, commente Desmond Chua, analyste chez CMC à Singapour.

L'Ukraine n'est ni un producteur pétrolier majeur ni un gros consommateur, mais le pays occupe une position géographique stratégique pour le transport des hydrocarbures russes, soulignent les analystes de la division matières premières chez JP Morgan.

Ainsi, plus de 70% du gaz et du pétrole russes passe par l'Ukraine, et l'Europe représente 90% des achats du pétrole russe.