Ukraine : un représentant de Kiev parle de "guerre" à l'Est

Par latribune.fr  |   |  868  mots
Kiev accuse des proches de l'ancien président Viktor Ianoukovitch d'avoir manoeuvré à Odessa. (Photo Reuters)
Les affrontements se sont intensifiés ce samedi à l'Est de l'Ukraine où Kiev a lancé un assaut contre les séparatistes pro-russe la veille. A Odessa, dans le sud, le bilan d'un incendie déclenché en marge de manifestations violentes s'est alourdi: 46 personnes seraient décédées.

Les violences se propagent en Ukraine. En dépit des appels de Washington, des nouvelles menaces de sanctions et de la fermeté de Moscou, les opérations lancées  à l'Est par Kiev se poursuivent. Le point sur la situation ce samedi. 

  • Situation de guerre

 L'un des responsables des opérations pour le gouvernement ukrainien, Vassyl Kroutov a décrit les événements dans la ville de Kramatorsk, au sud-est du pays, comme relevant d'une situation de guerre, selon des propos rapporté par l'agence Reuters. 

"Il y a des tirs et des affrontements autour de Kramatorsk... Ce qui se passe dans la région de Donestk et dans les régions de l'Est n'est pas un soulèvement passager, c'est une guerre", a-t-il déclaré. 

Plusieurs médias et agences de presse russes et ukrainiens décrivent des échanges de tirs dans la ville. C'est le cas notamment de Russia Today, qui publie des images de véhicules en feu. 

  • Libération des observateurs de l'OSCE

 L'une des figures du mouvement séparatiste pro-russes de Slaviansk, Viatcheslav Ponomariov, a confirmé ce 3 mai la libération "sans condition" des sept observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) que ses miliciens avaient capturés une semaine plus tôt. Au total, il a même signalé la libération de 12 personnes au total, dont des Européens et des Ukrainiens.

  • 46 morts et plus de 140 arrestations à Odessa

La ville d'Odessa, située au bord de la mer Noire, a elle aussi été le théâtre de violences. Le bilan de l'incendie déclenché dans la Maison des Syndicats vendredi s'est alourdi: 46 personnes y auraient trouvé la mort selon l'agence Interfax qui cite le procureur de la ville. 

Plus de 150 personnes ont été arrêtés ce samedi selon le ministère de l'Intérieur ukrainien.

  • Kiev accuse le camp Ianoukovitch d'être à la manoeuvre

A propos des troubles dans cette ville portuaire, les services de sécurité ukrainiens ont accusé ce 3 mai des proches du président déchu Viktor Ianoukovitch, exilé en Russie, de les avoir organisé et financé.

Selon eux, des groupes paramilitaires venant de la région séparatiste moldave de Transnistrie, seraient impliqués tout comme des groupes russes.

Des proches du président déchu ont rejeté ces accusations et sommé Kiev de produire des preuves à l'appui de ses dires. "Je vais vous dire qui est le responsable du vendredi sanglant d'Odessa: c'est l'actuel gouvernement", écrit ainsi l'ancien ministre Oleksander Klimenk sur sa page Facebook. 

  • Poursuite des opérations

Le même jour, dans la matinée, Kiev lançait un assaut sur les villes de  Kramatorsk et Slaviansk à l'Est, du pays. Une opération qui se poursuit ce samedi. Le ministre de l'Intérieur du gouvernement par intérim, Arsen Avakov, a choisi sa page Facebook pour écrire:

"Nous ne nous arrêtons pas (...)  Cette nuit, les forces participant à l'opération antiterroriste à Kramatorsk ont pris le contrôle de la tour de télévision qui était auparavant sous le contrôle des terroristes."

  • Washington appelle à restaurer l'ordre

Après l'assaut à l'Est et les violences à Odessa, Washington a appelé Kiev et Moscou à "restaurer l'ordre".

"La violence et le désordre ayant conduit à tant de morts et de blessures absurdes sont inacceptables (...) Nous appelons les deux parties à travailler ensemble à restaurer le calme, la loi et l'ordre", a lancé Marie Harf, l'une des porte-parole du département d'Etat américain, dans un communiqué. 

La porte-parole de la diplomatie américaine a appelé "au respect immédiat des engagements pris à Genève" entre la Russie, l'Ukraine et les Occidentaux. Cet accord avait été conclu, à grand peine, le 17 avril, et rapidement remis en cause.

Plus tôt dans la journée, la chancelière Angela Merkel, en visite aux Etats-Unis, ainsi que son hôte Barack Obama ont menacé la Russie de nouvelles sanctions "sévères" en cas d'aggravation de la crise en Ukraine.

  • Discussions entre Poutine et Renzi

De son côté, le Kremlin a fait savoir ce samedi qu'il jugeait "absurde" la tenue des élections présidentielles le 25 mai. Cela fait plusieurs jours que l'exécutif russe demande l'annulation de ce scrutin. 

"Kiev et ses alliés occidentaux ont dans les faits provoqués ce bain de sang (à Odessa) et en portent la responsabilité directe", a en outre déclaré le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, cité par l'agence RIA.

Vladimir Poutine s'est entretenu par téléphone avec le président du conseil italien, Matteo Renzi, indique l'agence RIA Novosti. 

La veille, Moscou s'est dite "indignée" par ce "nouveau crime commis à Odessa". Concernant l'assaut sur Slaviansk, Moscou l'a qualifié de "raid de représailles" et de "coup de grâce à l'accord de Genève", péniblement conclu à la mi-avril entre Moscou, Kiev et les Occidentaux.

Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev a affirmé vendredi que les autorités de Kiev:

"doivent revenir à la raison et mettre fin au meurtre de leurs propres citoyens. Sinon, le pays pourra connaître un bien triste destin. (...) La responsabilité de la guerre contre son propre peuple revient à ceux qui prennent des décisions à Kiev."

(Article créé le 03/05/2014 à  09:00, dernière mis à jour à 15:41)