Les Suisses adopteront-ils un salaire minimum à 3.300 euros ?

Par latribune.fr  |   |  438  mots
D'après un récent sondage, 64% des Suisses vont voter contre ce texte, 6% se déclarent indécis et 30% sont pour. (Photo : Reuters)
Un référendum sur l'instauration d'un Smic à 18 euros de l'heure divise dans un pays où une personne sur deux gagne plus de 5.100 euros par mois. Les Suisses craignent une hausse du chômage.

18 euros de l'heure. À l'initiative des syndicats et des partis de gauche, les Suisses vont voter le 18 mai sur l'instauration d'un salaire minimum de 4.000 francs suisses bruts (3.300 euros) ou 22 francs suisses de l'heure (18 euros), considéré comme un seuil incontournable dans un pays qui compte parmi les plus riches au monde.

Ce salaire minimal, s'il est adopté, sera le plus élevé au monde. A titre de comparaison, le salaire horaire minimal en France est de 9,43 euros. En Espagne, il est de 5,05 euros et en Allemagne il sera à 8 euros à partir de 2015.

De nombreuses professions sont concernées par ce texte, comme les métiers de la vente, l'hôtellerie-restauration, l'agriculture, les métiers liés au nettoyage, la coiffure.

Vers un rejet massif par peur du chômage

Selon un sondage publié le 7 mai et réalisé fin avril, 64% des Suisses vont voter contre ce texte. 6% se déclarent indécis et 30% sont pour. Alors que ce texte, qui a pour but de donner "un salaire digne" aux quelque 330.000 personnes qui travaillent pour moins que ce montant, les Suisse craignent que de tels minima salariaux aboutissent à une hausse du chômage.

Pour les opposants, soit le Conseil Fédéral (gouvernement), les partis de droite et les organisations patronales, et même un syndicat, celui des employés, clament que ce texte ne résoudra pas le problème du soutien des personnes à bas revenus.

"Ce salaire minimal exigé mettrait des emplois en danger et rendrait l'accès à la vie professionnelle encore plus difficile pour les personnes peu qualifiées et les jeunes", explique le gouvernement.

Un salaire médian de 5.100 euros par mois

"Nous avons le taux de chômage général et le taux de chômage des jeunes les plus bas d'Europe (3,2% et 3%), nous avons les salaires les plus élevés au monde, notre système est basé sur les conventions collectives de travail, et cela marche", martèle Stéphanie Ruegsegger, de la Fédération des entreprises romandes, qui représente 40.000 entreprises. Et l'adoption d'un salaire minimum de 4.000 francs suisses "casse le système", ajoute-t-elle.

La Suisse connaît en effet un salaire médian très élevé. En hausse de 3,2% depuis 2010, il est de 5.100 euros par mois. Au niveau du pouvoir d'achat, les salaires les moins payés ont toutefois ressenti une baisse de 0,6% pendant cette période.

Des votes ont déjà eu lieu dans le pays au niveau cantonal, sur l'adoption d'un salaire minimum. Le principe a été accepté dans les cantons de Neuchâtel et du Jura. Dans les cantons de Vaud et de Genève, il a été refusé.