L'Otan hausse le ton contre la Russie, mais les européens sont divisés

Par latribune.fr  |   |  706  mots
Vladimir Poutine n'a pas l'air de se laisser impressionner par les sanctions.
L'Otan a haussé le ton face à "l'agression russe" en Ukraine, qui "justifie la préparation de nouveaux plans de défense". C'est ce qu'affirme son secrétaire général, le Danois Anders Fogh Rasmussen, dans un entretien publié par le Midi Libre.

L'Otan a haussé le ton ce dimanche contre "l'agression russe" en Ukraine, qui "justifie la préparation de nouveaux plans de défense", a affirmé son secrétaire général, le Danois Anders Fogh Rasmussen, dans un entretien publié par le quotidien français Midi Libre. "C'est préoccupant, parce que je pense que l'ambition du président Poutine est d'établir une sphère d'influence dans le voisinage", a-t-il souligné. "La Russie considère l'Otan comme un adversaire", a-t-il dit. "Je le regrette parce que nous devons développer une coopération fructueuse entre l'Ouest et la Russie. Mais il faut s'adapter à cette nouvelle situation", a-t-il conclu.

David Cameron à l'offensive

Ces propos font écho à une prise de position du Premier ministre britannique David Cameron, lequel a appelé samedi l'Otan à "repenser sa relation à long terme avec la Russie" et à renforcer sa capacité à réagir rapidement à toute menace. David Cameron relaye une demande de la commission parlementaire multipartite chargée des questions de Défense au Royaume-Uni qui a exhorté l'Otan à positionner de façon permanente des troupes et du matériel militaire en Estonie, Lettonie, Lituanie, et recommande également d'établir un siège dans les pays baltes.

Si le ton martial de David Cameron séduit les nouveaux membres de l'Europe de l'est, il inquiète ses autres partenaires de l'Union. Certes, les Européens viennent d'imposer, vendredi, des sanctions économiques à la Russie pour marquer leur colère contre la mort des 300 passagers d'un avion malaisien, abattu à très haute altitude par un missile tiré depuis les territoires contrôlés par les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine.

Ces sanctions étaient devenues "inévitables", a commenté la chancelière allemande Angela Merkel. Mais "l'Union européenne est prête à revenir sur ses sanctions si la Russie s'engage à contribuer activement et sans arrière-pensées à trouver une solution pour résoudre la crise en Ukraine", a immédiatement assuré au nom des 28 le président du Conseil de l'Union, Herman Van Rompuy...

Les Européens espèrent que ce geste amènera Vladimir Poutine, le président russe, à cesser son soutien aux séparatistes pro-russes, mais ils en doutent. D'ailleurs, effectivement, un tel scénario "rose" semble improbable. Selon des experts russes, le Kremlin peut difficilement reculer dans la crise ukrainienne face à une opinion publique galvanisée depuis le rattachement de la péninsule de  Crimée en mars, moins d'un mois après l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement pro-occidental à Kiev.

Les experts internationaux au travail

Les experts internationaux devaient par ailleurs reprendre ce dimanche leurs recherches concernant les restes des victimes du crash du vol MH17. Environ 70 spécialistes des polices néerlandaise et australienne, dont la mission a été reprise puis repoussé à de nombreuses reprises, sont à l'oeuvre depuis vendredi en zone rebelle. Vendredi et samedi, ils ont pu retrouver des restes humains des victimes et des effets leur appartenant. Ceux-ci doivent être rapportés ensuite à Kharkiv, en territoire contrôlé par Kiev plus au nord, avant d'être rapatriés aux Pays-Bas en vue d'être identifiés. Plus de 200 cercueils ont déjà été rapatriés dans les jours suivant la catastrophe, comme les boîtes noires.

Le travail minutieux, entrepris avec l'aide de chiens renifleurs dans la campagne ukrainienne sous la surveillance d'insurgés armés, s'annonce complexe, plus de deux semaines après la catastrophe du 17 juillet qui a conduit à une flambée des tensions internationales. Kiev accuse les insurgés pro-russes d'avoir abattu le Boeing de la Malaysia Airlines, qui transportait 298 passagers dont 193 Néerlandais, avec un missile fourni par Moscou.

Tirs à proximité de la zone

L'état-major ukrainien a indiqué en outre que ses positions avaient subi plusieurs attaques dans la nuit de samedi à dimanche aux lance-roquettes Grad, une arme imprécise qui frappe de vastes zones. Elles ont aussi été visées, selon la même source, par de nouveaux tirs d'artillerie tirés depuis le territoire de la Russie. Neuf civils ont été tués dans de nouveaux combats entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les séparatistes pro-russes autour des villes de Donetsk et Louhansk, derniers bastions des rebelles dans l'est du pays, a-t-on appris dimanche auprès des autorités locales.