Ces pays émergents qui veulent tirer profit de l'embargo russe

Par Jonathan Baudoin  |   |  575  mots
Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien, fait partie de ces dirigeants qui cherchent à gagner des parts de marché en Russie par la voie diplomatique, suite à l'embargo sur les produits alimentaires occidentaux..
Avec l'embargo de Moscou sur les produits alimentaires européens, nord-américains et australiens, des pays émergents se positionnent pour entrer ou se renforcer sur le marché russe.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. L'embargo russe sur les produits alimentaires européens, nord-américains et australiens fournit des opportunités pour des pays émergents. Nombre d'entre eux tentent d'avoir les faveurs des russes pour avoir un accès élargi à leur marché.

  • Donnant-donnant avec l'Égypte

Le principe du donnant-donnant semble être la base des relations entre la Russie et l'Égypte. À la suite d'un sommet organisé la semaine dernière à Sotchi avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, le président russe Vladimir Poutine a déclaré en conférence de presse:

"Nos pays coopèrent activement dans le domaine de l'agriculture. (...) Les produits agricoles constituent 90% de nos importations depuis l'Egypte qui a déjà augmenté ses fournitures de 30% et est disposée à les accroître prochainement de 30 autres pourcents."

A l'inverse, les exportations de blé russe à destination de l'Egypte devraient être renforcées.

En outre, Moscou vendra des armements militaires à hauteur de 2 milliards d'euros et les sociétés russes pourront investir en Égypte dans l'exploitation de gisements de pétrole, de gaz, ou d'or, selon la Voix de la Russie. Enfin, la Russie compte aider, au niveau matériel, humain, financier, l'Égypte dans son projet d'un nouveau canal de Suez.

>> L'Égypte veut creuser un deuxième canal de Suez

  • La Turquie: embargo "100% positif"

La Turquie se positionne également comme pays voulant profiter de l'embargo. Comme le déclare dans les colonnes du Wall Street Journal, le vice-président de l'assemblée générale de la Chambre de commerce d'Istanbul, Ahmet Ozer:

"[cet embargo] est 100% positif, nous devons saisir cette opportunité. La Russie peut dévorer tout ce que nous produisons."

C'est, en effet, une belle occasion car Ankara accuse un déficit commercial d'environ 15 milliards d'euros avec Moscou. Déficit pouvant être réduit par les exportations de fruits, de légumes et de produits laitiers par exemple, qui pourraient grimper de 25% selon Ahmet Ozer.

  • Chine: réduire sa dépendance à l'égard du Golfe

La Chine n'est pas non plus insensible à cette situation et compte "élargir le commerce des produits agricoles avec la Russie", d'après le porte-parole du ministère du Commerce, Shen Danyang. Ce dernier ajoute: "la Chine souhaite resserrer les liens économiques et commerciaux avec la Russie et continuera de créer des conditions favorables pour la coopération bilatérale dans le secteur énergétique, l'agriculture, l'infrastructure et les hautes technologies."

En retour, Moscou exportera davantage de pétrole à destination de Pékin, permettant à la deuxième économie mondiale d'être moins dépendante des pays du Golfe. Ce rapprochement participe d'un mouvement déjà bien entamé avec la signature récente d'un méga-contrat gazier entre les deux puissances.

>> "Le contrat gazier entre Moscou et Pékin n'est pas un pied de nez à l'Europe"

  • L'Amérique latine en ordre de marche

Les pays latino-américains se font quant à eux une forte concurrence pour exporter leurs produits agricoles vers la Russie. L'Argentine depêche mardi 19 et mercredi 20 août une délégation ministérielle à Moscou, pour arriver à des accords commerciaux entre les deux pays. Mais ce n'est pas le seul pays du sous-continent.

>> Comment l'Argentine espère profiter de l'embargo russe sur les produits alimentaires

Enfin, le Brésil a signé des accords d'exportation de viande avec la Russie, tout comme le Chili qui doit vendre à la septième économie mondiale ses produits de la mer.