Vladimir Poutine sort de son silence : "Inévitablement, notre économie va se redresser"

Par Nabil Bourassi  |   |  684  mots
Vladimir Poutine est mis au pied du mur face au risque de dislocation de l'économie russe.
Le président russe a tenu ce jeudi sa grande conférence de presse de fin d'année. Si la crise du rouble était attendue au centre du débat avec le possible limogeage du Premier ministre, la question géopolitique a monopolisé la discussion et Vladimir Poutine a pu afficher un optimisme à toute épreuve sur le plan économique.

"Inévitablement, notre économie va se redresser", a conclu Vladimir Poutine. Ce message d'optimisme est sans doute l'essentiel à retenir de la grande conférence de presse tenue par le président russe, en tout cas au plan économique. Alors que l'on attendait une annonce sur des mesures concrètes pour sauver le rouble, il a été surtout question, pour le président russe, de rassurer ses troupes.

Depuis le début de la semaine, l'homme fort du pays s'était en effet muré dans le silence. Alors même que la Russie traversait un krach monétaire et boursier sans équivalent depuis près de quinze ans, Vladimir Poutine n'a pas pipé mot. Mieux. Ses porte-paroles renvoyaient les journalistes vers les services du Premier ministre, plus à même, selon eux, de répondre aux questions d'ordre économique.

Le fusible Medvedev

Face au risque de dislocation du système, le Kremlin est contraint de réagir. C'est en tout cas le point de vue des milieux d'affaires. Vladimir Poutine tenait justement sa grande conférence de presse de fin d'année ce jeudi 18 décembre. Les observateurs estimaient que le président russe allait annoncer des mesures politiques chocs comme le limogeage de son Premier ministre, son fidèle Dimitri Medvedev. Les milieux d'affaires poussent à la nomination d'Alexeï Koudrine, ancien ministre des Finances, et réputé pour sa rigueur.

Figure libérale, l'homme a plus ou moins gardé le silence ces derniers temps à propos de la situation économique. Il s'est toutefois fendu de quelques tweets, comme celui où il a expliqué le krach monétaire par "le manque de confiance dans les politiques économiques du gouvernement". Vladimir Poutine pourrait ainsi être contraint non seulement de le nommer Premier ministre, lui qui s'est toujours méfié des libéraux, mais en plus, de lui accorder des marges de manœuvres économiques, notamment en termes de réductions budgétaires de la Défense.

Néanmoins, la conférence de presse n'a pas été l'occasion d'annoncer un changement de Premier ministre, et il a été très peu question d'économie. Annonçant quelques chiffres sur l'état économique général de la Russie, Vladimir Poutine a surtout tenu à se montrer optimiste sur l'avenir économique de son pays.

Risque de dislocation?  Poutine affiche son optimisme

Dès le début de sa grande conférence de presse de fin d'année, qui a duré trois heures et vingt minutes, le président russe a tenu à se montrer rassurant :

"La crise économique durera maximum deux ans. Nous allons retrouver la croissance et tout faire pour diversifier notre économie."

Le Président russe est pourtant au pied du mur car le pays menace de s'effondrer. Lundi et mardi, le rouble a plongé de 30%. Il fallait plus de 100 roubles pour acheter 1 euro, et plus de 80 roubles pour acheter 1 dollar. Malgré le reflux qui a eu lieu entre mardi et mercredi vers 76 roubles pour 1 euro, et 61 pour 1 dollar, qui restent des niveaux jugés encore très bas, rien ne semblait plus arrêter la défiance des investisseurs face à des autorités impuissantes.

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La Banque Centrale a dû recourir aux mesures les plus extrêmes pour tenter de circonscrire l'incendie. Dans la nuit de lundi à mardi, elle a brutalement augmenté son taux directeur de 10,5 à 17%. Une mesure jugée musclée alors que ce taux était de 5% en début d'année encore. Elle a également puisé dans ses réserves de change: 10 milliards de dollars depuis début décembre pour défendre le rouble.

Face à cette débâcle, les investisseurs craignent désormais que le pouvoir en vienne à imposer le contrôle des changes, l'arme ultime pour contrer la fuite des capitaux et la spéculation. Ils étaient sans aucun doute très attentifs à l'intervention de Vladimir Poutine aujourd'hui. Mais l'optimisme affiché par le "tsar de fer" et le vide d'annonce de mesures concrètes ne suffira peut-être pas à les rassurer.

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Article du 18/12 à 8h34. Mis à jour à 14h04.