La note de l'Espagne abaissée par Moody's

Par latribune.fr (Source AFP)  |   |  555  mots
Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy - Copyright AFP
L'agence d'évaluation financière Moody's a abaissé mercredi la note d'endettement à long terme de l'Espagne de trois crans, à "Baa3", juste au dessus de la catégorie "spéculative". La note de Chypre a également été dégradée de deux crans à "Ba3".

Une semaine après Fitch Ratings, l'agence de notation Moody's a abaissé mercredi la note d'endettement à long terme de l'Espagne. Celle-ci recule de trois crans, "à Baa3", au bord de la catégorie spéculative. Cette note est assortie d'une perspective négative, ce qui signifie que l'agence pourrait subir une nouvelle révision à la baisse à l'issue d'une période d'examen qui doit durer au maximum trois mois.

Le plan d'aide "accroîtra encore le poids de la dette supporté par le pays"

L'agence a invoqué dans un communiqué le plan d'aide européen de 100 milliards d'euros pour le secteur bancaire espagnol, décidé vendredi, qui selon elle "accroîtra encore le poids de la dette supporté par le pays".

De plus, a souligné Moody's, "l'Etat espagnol a un accès très limité aux marchés financiers, comme le montrent à la fois le fait qu'il compte sur le FESF et le MES [les mécanismes anticrise de la zone euro, ndlr] pour ses fonds de recapitalisation et sa dépendance croissance vis-à-vis de ses banques nationales comme acheteurs prioritaires de ses émissions obligataires, lesquelles à leur tour obtiennent leurs financements de la BCE" (Banque centrale européenne).

Baisse de cinq crans de la note de l'Espagne depuis l'arrivée de Rajoy

L'agence s'inquiète d'autant plus qu'elle ne voit guère "un espoir raisonnable de croissance économique vigoureuse dans les quelques années à venir". La décision de Moody's est une sanction sévère envers le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy, qui s'est battu depuis sa prise de fonctions en décembre pour faire la preuve de sa capacité à ne pas faire appel à l'aide internationale. Quand Mariano Rajoy a pris le pouvoir, la note de l'Espagne chez Moody's était de cinq crans supérieure, à "A1".

Chypre paye les déboires de son voisin grec et de ses banques

Moody's a également dégradé la note d'endettement de long terme de Chypre de deux crans à "Ba3". Déjà placé en catégorie "spéculative", le pays n'est plus qu'à un cran de la catégorie "très spéculative". L'agence indique que la note de Chypre, dont l'économie est très dépendante de la Grèce, restait sous examen en vue d'un éventuel abaissement. Elle veut "évaluer les risques substantiels pour le secteur bancaire et l'Etat provenant d'une sortie de la Grèce de la zone euro", après les élections législatives grecques prévues dimanche.

"La raison principale du changement de note aujourd'hui (mercredi) est la hausse concrète de la probabilité d'une sortie de la Grèce de la zone euro, et de ce fait l'augmentation du montant probable de l'aide que le gouvernement (chypriote) pourrait devoir accorder aux banques chypriotes", a expliqué l'agence. Jusque-là, Moody's supposait qu'un plan d'aide aux banques de Chypre s'élèverait à un montant situé entre 5 et 10% du produit intérieur brut. Désormais, l'hypothèse est celle d'un montant "plus élevé", qui "accroîtra la dette publique d'un peu plus de 10 points de pourcentage du PIB". Le gouverneur de la banque centrale, Panicos Demetriades, a déclaré mercredi que si le pays faisait appel à des fonds étrangers pour recapitaliser son secteur bancaire, il souhaiterait plutôt recourir à des prêts bilatéraux (venant de créanciers non précisés) qu'à l'Union européenne.